Hollywood, début des années 50, une œuvre citée sans cesse parmi les plus grands films de tous les temps naissait, bouleversant le monde de la comédie musicale. Enfilez votre plus belle tenue de soirée, chaussez vos mocassins, apprêtez-vous à vous laissé entrainer par le trio Gene Kelly, Donald O’Connor et Debbie Reynolds, et retournez dans le vieux Hollywood au moment où le cinéma muet cédait place au cinéma parlant.
Révolution à Hollywood : Le cinéma parlant arrive !
Quand on a vu un film de chaque genre, on les a tous vu, les acteurs sont des pantins faisant des grimaces. Etes-vous d’accord avec ça? Le film dont je vais vous parler va prouver le contraire. Je me souviens encore du jour où, en zappant à la télé, à l’âge de 20 ans, je me retrouvais surpris de rester devant « Chantons sous la pluie » alors que pour moi, le cinéma n’avait de l’intérêt qu’à partir des années 80.
Hormis Mary Poppins et d’autres comédies musicales signées Disney, les vieux films, les comédies musicales, merci mais non merci. Stupeur la plus totale en ressentant joie et envie irrésistible de chanter/danser au rythme des chorégraphies exécutées par les héros de « Chantons sous la pluie ». Cette expérience, jamais je ne l’ai oublié. Seulement, on ne sait pour quelle raison, j’ai dû attendre 14 ans pour regardé ce chef d’œuvre dans son intégralité.
J’ai une profonde fascination pour les années 20 (et les années 50). Les mentalités de l’époque, le style vestimentaire, le design des véhicules/architecture des bâtiments, l’élégance des acteurs/actrices du cinéma Hollywoodien. « Chantons sous la pluie » me donne une nouvelle occasion de sauter dans le passé pour avoir la sensation de vivre à cette époque. Je suis sincèrement épaté par ce film. Il est vrai qu’au départ, celui ou celle habitué aux films de sa génération mettant les pieds dans cet univers peut se sentir dépaysé par l’ambiance et le jeu des acteurs. C’est vrai, c’est exagéré, c’est du burlesque, du comique de situations, des jeux de quiproquos, de la romance niaise mais il faut voir la manière dont ce film a à nous raconter l’histoire du cinéma.
-Est-ce que vous croyez que ça prendra, cette invention ?
-J’en doute. Les frères Vorner viennent d’entreprendre un film 100% parlant avec ce truc-là : « Le chanteur de jazz. » Ils vont se
ruiner. Qu’est-ce que vous en dites ?
-Voyons, jamais ça ne prendra, ça !
-Oui, c’est ce qu’on disait des voitures 100 CV autrefois !
Il faut sauver « Le duelliste chevaleresque » !
Sous un tonnerre de tendresse, d’humour, de passion, et d’émotion, « Chantons sous la pluie » débordant de joie communicative nous plonge en plein cœur des coulisses de la conception du premier film parlant tout en contant la manière dont il causera quelques tracas aux stars et professionnels du film muet. Cours de diction, premiers essais de micros pendant le tournage, projection test, Stanley Donen et Gene Kelly n’oublient rien, racontent d’une manière humoristique et fictive le passage des films muet au parlant.
A coup de jeux de caméra, de lumières, de perspectives, de transitions, la mise en scène de « Chantons sous la pluie », à chaque minute qui passe, nous immerge un peu plus. Les costumes tantôts colorés, tantôts sobres, le maquillage, les décors, le Hollywood d’antan était magnifique, « Chantons sous la pluie » en est l’unique témoin. Les numéros de claquettes et chorégraphies diversifiées et délirantes nous font d’autant plus savourer l’essence de ce qu’a représenté cette comédie musicale. De nombreuses cordes à son arc, notre comédie musicale attendant la première demi heure pour vraiment pousser la chansonnette, sort de son carquois la plus belle des flèches, celle qui a coup sûr touchera le centre de la cible : le trio Kelly/O’Connor/Reynolds. Vous allez les adorer.
Premier point frappant: Gene Kelly aurait-il un lien de parenté avec Jean Dujardin ? Les traits de visages, les expressions et le sourire, s’en est presque flippant. De là à penser que Dujardin s’inspire de Kelly, il n’y qu’un pas. James Dean, Marlon Brando, Steve McQueen, à Hollywood dans les années 50, objectivement, les acteurs avaient de vraies gueules à te coller des complexes tant ils représentaient la perfection masculine.
Gene Kelly en rajoute une couche et exerce sur moi une forme d’hypnotisme envers lui. Pas besoin de parler, l’acteur dégage quelque chose de puissant. Corps musclé, coupe de cheveux parfaite, Gene Kelly, une belle gueule au sourire Colgate affichant une aisance déroutante quand il s’agit d’exécuter quelques pas de danses ou cascades dangereuses à rendre rouge de honte les actuels acteurs du cinéma d’action. Il n’en reste pas là le bougre. Il faut le voir jouer à la cool dans tous les registres pour saisir son génie. Et puis cette manière de fixer régulièrement la caméra comme pour dialoguer avec le spectateur, ça ne fait qu’amplifier la volonté qu’a ce film à encourager tout être constitué de jambes, bras et mains à laisser de coté son égo et entrer dans la danse.
Quant aux partenaires de Gene Kelly, ils peuvent se vanter d’être aussi attachants et professionnels qu’il l’est. Ce clown de Donald O’Connor, ami fidèle inventif et sympathique de Gene Kelly amuse pour l’énergie qu’il déploie, alors que Debbie Reynolds, l’innocence, la grâce incarnée joue les actrices débutantes talentueuses, honnête ressortant quand il le faut son caractère bien trempé. Pour les fans de Star Wars, oui, c’est la moman de feu La Princesse Leia Organa.
Justement toi là, tu te dis vrai cinéphile ? Alors tu ne peux commettre l’affront de passer à coté de ce bijou. Que tu sois allergique aux comédies musicales, aux protagonistes quasi coincés en affichant leur sourire le plus mielleux, et aux œuvres vieilles de plus de 60 ans, pour te donner envie de te lancer dans le visionnage, sache qu’au-delà de tout ces éléments peu rassurants, ce chef d’œuvre te fera voir :
• Un Gene Kelly jouant le temps d’une séquence, les Jackie Chan avant l’heure, sautant de voitures en voitures pour échapper à des groupies hors de contrôle,
• Une jolie jeune femme zozotante, à la voix nasillarde et au cerveau de blonde t’attendant pour des séquences humoristiques hilarantes,
• Le Hollywood des années 50. Comment ça se passait coter coulisses ? Quelles techniques étaient utilisées à l’époque pour tourner des scènes parlantes ? Comment les avancées techniques ont-elles été reçues par le public et les professionnels du métier?
• Que tel un iceberg, les choses les plus importantes sont en dessous. « Chantons sous la pluie » creuse profondément les débuts du cinéma parlant, à l’époque où c’était une vraie galère pour planquer des micros sur le plateau de tournage, gérer bruitages, musiciens et synchronisation entre les images et le son. On te fera remarquer l'importance de savoir parler convenablement lorsque l’on est acteur mais aussi savoir assumer les faux semblants du métier, que nombreux acteurs de cinéma muet ont stoppé leur carrière dès l’arrivée du cinéma parlant, que même à l’époque, la nouveauté faisait peur, et, point important, on te montrera les conséquences financières de modifier les appareils technique pour enregistrer et diffuser des films. Le tout sans jamais frapper à la porte de chez Mr Ennui.
C’est simple, « Chantons sous la pluie » respire la passion pour le cinéma.
Qu’est-ce que c’est que ça ? Il y a un orage dehors ?
Ce sont les perles, Monsieur Simpson.
Au final, il n’y a que dans « Chantons sous la pluie » où l’on se contrefiche d’avoir les vêtements trempés et de choper un rhume en rangeant bêtement son parapluie alors qu’il y a une pluie torrentielle dehors. Cette comédie musicale tel un virus contagieux, vous donne la soif de vivre, la banane, l’envie de danser, de chanter, de réussir dans la vie. Pendant que je termine cette critique, les chants et pas de danses continuent de raisonner dans ma mémoire, ma passion pour le cinéma continue d’accroitre.