On ne comprend pas très bien les motivations esthétiques et narratives de Chaos Walking, nouvelle réalisation de Doug Liman qui insère, comme à son habitude, une galerie de personnages dans un environnement trafiqué et gouverné par la technologie – pensons à la surveillance paranoïaque que subissent nombre de ses personnages – Jason Bourne dans The Bourne Identity (2002), les Smith dans Mr. & Mrs. Smith (2005), Valerie Plame dans Fair Game (2010) –, aux résurrections du commandant William Cage dans Edge of Tomorrow (2014), aux déplacements dans l’espace qu’est capable de faire David Rice dans Jumper (2008). Le monde reconstruit par Liman est un monde inquiétant, fait de faux-semblants mis en place pour freiner les ardeurs d’êtres exceptionnels ou destinés à le devenir.
Or, cette donnée de base semble constituer la finalité de Chaos Walking qui ne cherche en rien à dépasser ce constat : nous errons en compagnie de deux protagonistes peu attachants et dépourvus de profondeur véritable, dont la relation programmatique empêche la surprise de naître. Le cinéaste paraît s’ennuyer et ne parvient pas à donner à sa production une âme, un souffle, une vision personnelle. Que nous apporte cette dystopie sur les destinées individuelles en particulier ou sur l’homme en général ? Que le masculin est un prédateur réglé pour détruire la femme ? Que le futur sera marqué par une violation de notre espace intérieur et de nos pensées, révélées par flux incontrôlables ? Il manque au film une ligne directrice claire et une mise en scène digne d’intérêt : tout cela s’avère d’une platitude terrible, à l’image du duo d’acteurs principal qui échoue à transmettre à l’image la moindre émotion, le moindre sentiment. Un pas de côté pour Doug Liman.