The Necessary Death of Shia LaBeouf

Drôle de film. Il aurait pu être très intéressant sur le papier (même si 'intéressant' est un adjectif que l'on emploie généralement quand on ne sait pas quoi dire au sujet de quelque chose, ce qui est le cas ici finalement), mais avec le cul entre deux chaises difficile de savoir réellement où le réalisateur veut aller. Je crois que lui-même ne sait pas vraiment, obnubilé par des délires de clippeur qui l'amènent à privilégier dangereusement la forme face au fond.

On sent le désir de faire quelque chose de différent, pas vraiment romantique, pas vraiment polar, mais la sauce ne prend pas dans les deux cas. En fait le film se définit par ce qu'il n'est pas plutôt que par ce qu'il est ; ce n'est pas un polar, ce n'est pas non plus un film romantique, c'est indé sur le papier mais pas vraiment en pratique, certains passages font penser à une publicité géante de 100 minutes pour du parfum ou une marque de bagnoles... Bref, on ne sait pas ce que c'est, juste que ce n'est pas un oiseau.

L'autre gros problème du film, c'est l'acteur principal. Avant ce film, je n'avais pas de problème particulier avec Shia LaBeouf, après tout Indiana Jones IV (celui qui n'existait pas) est un désastre collectif, pas la peine de tout lui foutre sur le dos. Mais là, afin que le film fonctionne on doit pouvoir ressentir un minimum d'empathie pour le protagoniste, ce qui est tout de suite plus difficile quand celui-ci est interprété par un poireau aux cheveux longs. Alors on passe de scène en scène, pas forcément motivé par la narration sans queue ni tête, les évènements s'enchaînent sans aucune pertinence au sein du scénario, et lors du dénouement de l'intrigue on se demande encore ce que l'on vient de regarder.

Bref, ce n'est pas génial. Mais ça aurait pu être pire. Il y a Evan Rachel Woods déjà, et une BO excellente (il aurait été impardonnable que le film se plante sur ce point en même temps). Et à certains moments ça colle plutôt bien, certaines séquences sont réussies et donnent une petite idée de ce que le réalisateur a essayé d'accomplir, généralement ça fonctionne tant que Shia n'a pas à faire l'acteur (ce qui est plutôt simple finalement, suffit de le faire courir au ralenti et de coller une musique électro un peu punchy par-dessus). Malheureusement ces séquences permettent aussi de constater que le réalisateur a réellement voulu donner un ton particulier au film, décalé, mais s'est planté dans les grandes largeurs à trop vouloir en faire. Erreur classique de débutant, quand on y pense (une erreur que Zack Snyder continue de faire même après 10 ans de carrière, certains cas sont incurables sur ce point), mais ce n'est pas excusable à l'égard du film pour autant. Better luck next time, pal.