Charlie et la Chocolaterie par Aurélien Boucher

Charlie est un enfant issu d'une famille pauvre. Travaillant pour subvenir aux besoins des siens, il doit économiser chaque penny, et ne peut s'offrir les friandises dont raffolent les enfants de son âge. Pour obtenir son comptant de sucreries, il participe à un concours organisé par l'inquiétant Willy Wonka, le propriétaire de la fabrique de chocolat de la ville. Celui qui découvrira l'un des cinq tickets d'or que Wonka a caché dans les barres de chocolat de sa fabrication gagnera une vie de sucreries.

CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE est le remake du film de 1971 et surtout une nouvelle adaptation du livre de Roald Dahl. C'est surtout un film de Tim Burton qui nous livre un de ses meilleurs films depuis le début des années 2000, où on considère qu'il commence à perdre son talent et à se répéter, surtout à partir du remake désastreux de LA PLANETE DES SINGES.
C'est loin de figurer parmi les meilleurs Burton, mais c'est un excellent film pour enfant.
L'histoire de ce film (sachant que je n'ai pas vu l'original) est excellente avec un superbe univers où se mélange parfaitement l'univers guimauve du livre, et l'univers burtonesque. On ressent tout ce qui fait un film de Burton, que ce soit par son personnage principal, et surtout l'univers visuel, notamment la maison du jeune protagoniste qui s'éloigne du reste de la ville (aussi bien visuellement que dans la situation sociale et le rapport avec le reste de la population).
Et l'histoire est excellente dans le côté film pour enfant, avec surtout le protagoniste Charlie qui est assez attachant et qui représente le modèle (certes très classique) de tout ce qui a de meilleur dans l'enfance. Il tente de prendre soin de sa famille, fait tout ce qu'il peut pour vivre avec le peu de moyen qu'il a, et qui finit par avoir de la chance et a gagner une récompense plus grosse et méritante que les autres enfants. Et se personnage fait un excellent contraste avec les autres enfants qui ont eu le ticket d'or, qui sont tous des stéréotypes d'enfants détestables, à savoir celui qui veut trop manger : Augustus, la pourrie gâtée qui obtient tout ce qu'elle veut sans le mériter : Veronica, la fille prétentieuse qui ne pense qu'à avoir le premier prix : Violette, et surtout la pire représentation des geek, celui qui ne fait que de regarder la télé tout le temps, et qui pense avoir tout compris au monde et à la science : Mike Teevee. Et ces quatre enfants vont, avec leur personnalité qui les détermine, avoir la punition qu'ils méritent au cour de leur visite dans la chocolaterie.
Mais tout ces enfants, y compris Charlie, sont dès la deuxième partie relégués au second plan pour mettre en valeur le vrai personnage principal : Willie Wonka, excellement interprété par Johnny Depp. Ce personnage est un excellent concentré de tout ce qui définie le personnage à la Burton, à savoir le personnage isolé du reste de la société (Edward au mains d'argent) surtout quand il ferme la chocolaterie après des espionnages d'autres entreprises, et en continuant sa vie avec des oompa loompa qui ont un style de langage très différent du notre, le personnage totalement loufoque (le joker), et surtout le personnage artistique qui a une créativité et une imagination sans limite (un mélange du joker et d'Edward). Et Johnny Depp nous offre un nouveau personnage loufoque dans sa filmographie, mais sans jouer le même rôle malgré ce que dit la pensée populaire, en jouant cette fois ci un amoureux des friandises, qui rejette les enfants mal éduqués et se moquant bien d'eux (comme par exemple, traite Mike de marmoneur qui balance des phrases incompréhensibles), qui rit jaune quand il entend et voit quelque chose de bizarre, et qui n'arrive pas à bien s'adresser à son public, surtout avec toute ses années isolées dans l'usine.
Et le point le plus important avec se personnage, et qui est un rajout par rapport à l'original, c'est tout son passé avec son père (le grand et regretté Christopher Lee), où ce dernier lui a privé de tout les plaisirs de l'enfance (c'est un dentiste sévère qui refuse que son fils ne mange qu'une seule sucrerie), ce qui l'a isolé en voulant devenir un grand chocolatier, et qui lui a donner un dégout envers les parents et les liens familiales. Et son évolution est parfaitement conclue dans tout le dernier acte, où il comprend l'amour familial quand Charlie refuse de devenir son héritier pour l'usine, ce qu'il impliquerait qu'il abandonnera à jamais sa famille. Et Charlie va aider Wonka a renouer les liens avec son père, ce qui lui fera gagner la grande récompense, une chocolaterie où sa famille peut y résider.
Donc un excellent film pour enfant, de bonne morale, et avec le personnage burtonesque haut en couleur. Et les autres personnages sont attachants, notamment la famille de Charlie, que ce soit ses parents, Grand Père Joe qui a travailler auparavant avec Wonka, où encore le grand père Georges qui est drôle de par son côté grincheux. Et on a aussi les oompas loompas qui sont également drôles et funs.
Et l'univers de la chocolaterie est excellent, que ce soit tout les gadgets qui compose l'usine (le générique d'ouverture avec tout les machines fabriquant les tablettes Wonka, qui est la représentation de l'univers créatif du personnage burtonesque), des inventions digne d'un savant fou à l'imagination qui dépasse les limites, comme l'ascenseur qui ne sert pas qu'à monter et descendre, et qui peut se transformer à une sorte de TARDIS volant, en passant par les différents mondes que les personnages visitent, avec la aussi la créativité de Wonka qui ressort (le magnifique paysage verdoyant avec la rivière de Chocolat, un lieu fabriquant un chewing-gum ayant le gout de vrais repas, un lieu où des écureuils s'occupent des noix, ainsi qu'une salle futuriste où un téléporteur peut transporter le chocolat dans toute les télévisions du monde, et permettant aux gens de le prendre dans la télé). Et le tout s'accompagne de bons passages d'aventures pour aller d'une salle à l'autre, comme le bateau à travers les cascades de la rivière en chocolat, où encore l'ascenseur. Et le tout est fun avec les chansons des Oompas Loompas pour les enfants pourris, tous plus fandarde les unes que les autres, et en partant dans un délire musical et créatif dans la dernière salle avec le changement de programme de la télé, en passant du rock, au beatles, et à des passages tout aussi loufoques comme le passage de la douche de Psychose...
Puis la mise en scène de Burton est en soit très bonne, bien que pas exceptionnelle malgré quelques plans créatifs comme l'image qui se déforme durant la scène où Wonka mange sa toute première friandise. Après on retrouve tout l'univers Burtonesque.
Puis la musique est vraiment excellente, avec Danny Elfman qui nous ressort une nouvelle composition purement burtonesque et envoutante, et qui nous plonge dans le film dès le superbe générique d'ouverture.
Un excellent Burton qui figure parmi ses meilleurs du XXIème siècle, écrasant sans problèmes ses bouses comme Dark Shadows ou le remake de LA PLANETE DES SINGES.