J’aime pas trop Roald Dahl, donc la première adaptation de Charlie et la chocolaterie, je m’en foutais un peu, même si aux USA le film est culte et on en voit souvent des références ailleurs (dans Futurama ou South park, par exemple, et même un clip de Marilyn Manson). Mais un ami m’a un peu forcé à le voir en faisant du chantage pour qu’il voie en retour des films que je lui ai conseillés, donc voilà…
Boarf, déjà c’est une comédie musicale ; un vendeur de bonbons se met à chanter tout d’un coup dès la première séquence, pour glorifier Willy Wonka, comme si c’était un faiseur de miracles ("The candyman can", c’est le titre de la chanson… je m’imaginais le boogeyman avec son crochet débarquer à tout moment).
Willy Wonka est une sorte de dieu, vénéré par le monde entier. Un dieu qui fait du chocolat. Son usine demeure fermée à tous, sans qu’on sache ce qui se passe à l’intérieur, donc quand le fameux confiseur permet à cinq personnes de visiter la fabrique, s’ils trouvent un ticket d’or dans un de ses produits, la population mondiale est soudain prise de folie.
La vision du monde est très naïve et très bête, sous prétexte d’être comique. Ça passerait peut-être si l’humour était à la hauteur, mais les blagues sont navrantes, souvent faciles et d’une lourdeur totale. Il y a quelques jeu-de-mot du niveau Carambar (Wonka qui met une chaussure dans une cuve, pour donner du "kick" à son produit), et des trucs qui n’ont littéralement aucun sens, comme ce prof qui annonce que ses exams se tiendront avant les cours correspondants… sigh.
L’humour repose aussi parfois sur des caricatures poussives, comme avec ce patron d’usine qui promet 1£ de prime, et est acclamé par ses employées. Quel humour…
Et décidément, je déteste l’absurdité si particulière aux histoires de Roald Dahl. Certes, je n’ai lu que Matilda, que j’ai trouvé insupportable, mais on retrouve le même esprit dans chacune des adaptations de ses livres (Matilda justement, et James et la pêche géante), et d’ailleurs l’auteur a signé le scénario de cette version ciné de Charlie et la chocolaterie.
Il est toujours question de gosses innocents victimes d’injustices qui prennent des proportions tellement exagérées que ça en devient complètement idiot, et que ça ridiculise cette démarche de montrer que malgré la méchanceté en ce monde, on peut tout braver par le courage et la gentillesse, ou une connerie pareille.
Or l’absurdité de la représentation des situations rend le propos caduc.
Ici, Charlie est un gamin qui, avec sa mère, doit assurer les revenus de toute la famille, qui comprend quatre grand-parents cloués au lit depuis 20 ans (vive l’euthanasie !)
Pour eux, avoir du pain correspond à un festin, et pourtant le gosse refile quand même l’argent qu’il lui reste à son grand-père pour qu’il achète du tabac.
L’idée est sûrement de représenter le héros comme excessivement candide et généreux, mais il passe surtout pour un pigeon.
Évidemment, c’est le seul à être gentil et méritant parmi tous les gamins qui mettent la main sur un ticket d’or, les autres étant pourris-gâtés et insolents.
Quand le film essaye de susciter des émotions avec ses situations exagérées, ça a eu sur moi l’effet inverse que celui escompté. Cette scène larmoyante où Charlie est en pleurs, elle m’a fait ricaner.
J’ai pas pu m’empêcher de rire non plus face à la bêtise du passage où le grand-père, qui ne s’est pas levé depuis deux décennies, sort du lit pour accompagner le héros à l’usine. En fait c’était une grosse feignasse, qui faisait bosser un enfant à sa place ? Ou alors Charlie est d’une telle bonté qu’il a acquis des pouvoirs christiques ?
Et évidemment le vieux se met à chanter et à danser, putain…
Les chansons ne sont même pas bonnes.
Etonnamment, malgré la niaiserie prédominante, ce Charlie et la chocolaterie prend de temps en temps des aspects de film d’horreur.
Willy Wonka est oppressant ; au lieu d’un excentrique, il passe pour un détraqué, et lui et son usine paraissent dangereux par leur imprévisibilité.
La séquence dans le tunnel représente le sommet de la psychopathie du chocolatier, et le pire c’est que Charlie trouve ça amusant. J’imagine aisément le jeune public s’être chié dessus à la sortie de ce film…
L’usine en elle-même n’a rien de particulièrement original et qui m’ait impressionné, à part l’idée des fleurs en forme de tasses, ou inversement.
Les Oompa-Loompa sont ridicules, même si j’avais déjà vu à quoi ils ressemblaient. Chacun de leurs numéros musicaux m’a plié en deux tant c’est kitsch.
Il y a des films pour enfants que je prend plaisir à revoir ou à découvrir aujourd’hui, car ils ne prennent pas le spectateur pour un idiot, mais ce n’est pas le cas avec Charlie et la chocolaterie.
Tout est lourd ; l’humour, donc, mais aussi la mise en scène. On voit ce type louche, avec une grosse cicatrice sur le visage, aborder chaque gosse après qu’ils aient trouvé le ticket d’or, mais le réalisateur a dû juger ne pas avoir souligné suffisamment comme le personnage est menaçant, car on à chaque fois un zoom et une musique inquiétant sur cet individu. Même quand ça n’est pas logique, car on voit cet homme par le biais d’un reportage TV… Et c’est tout aussi idiot qu’il apparaisse comme par magie aux 4 coins du monde à chaque fois.
Quant à la fin du film, elle est absurde en tous points, et d’une niaiserie absolue.
J’ai quand même fini le visionnage car le film est divertissant… quoique pas vraiment pour les bonnes raisons.
Au moins j’ai vu ce machin "culte", ce qui m’a aidé à comprendre une référence supplémentaire (la chanson "The garbage man can" dans un épisode des Simpsons).