Tout gamin ayant grandi entre les années 80 et 90 a forcément rêvé d'avoir un chien comme Charlie ou son comparse Itchy, un toutou roublard et débrouillard avec qui on ferait les 400 coups. Malgré tout l'amour que je leur porte, aucun de mes compagnons à poil n'a jamais réussi à faire mieux que se lécher bruyamment les parties.
Concurrent malheureux de "La petite sirène" de Disney, "Charlie" n'aura connu le succès qu'à partir de son exploitation vidéo, donnant lieux à deux suites et à une série télévisée. Etrangement proche d'un autre film estampillé Disney ("Oliver et compagnie" en l'occurrence), "Charlie" peut être vu comme une version canine du "Ciel peut attendre" mâtinée de Dickens.
Utilisant une fois de plus l'anthropomorphisme comme véritable miroir de l'être humain tout autant que comme outil pour édulcorer un minimum un univers bien sombre hérité du film noir, Don Bluth adopte toujours le point de vue animal mais donne pour la première fois un rôle important à une petite fille, alors que l'homme n'était jusque-là qu'une silhouette à peine identifiable, quand il n'était pas carrément absent.
Si l'ensemble est tout de même bien moins marquant qu'un "Brisby...", "Charlie" bénéficie d'un énorme capital sympathie et d'un charme indéniable, en grande partie grâce aux talents de l'équipe d'animation, composant plus d'un plan à couper le souffle (le gardien de l'enfer des chiens planant au-dessus de notre monde, épique !) et à ses personnages attachants, tous doublés avec talent notamment par Burt Reynolds, Dom DeLuise et la petite Judith Barsi (déjà interprète de Becky dans "Le petit dinosaure..."), tragiquement assassinée par son père juste avant la sortie du film. La chanson "Love survives" lui est d'ailleurs dédiée.