La condition des aborigènes en Australie est un sujet tabou et hautement complexe. Selon le point de vue adopté, on peut très vite tomber dans la victimisation tire-larme ou à l'inverse dans un racisme mal-venu. Rolf De Heer évite le piège et nous épargne tout manichéisme. Dans Charlie's Country, la condition des aborigènes est traité de manière juste et réaliste. Le réalisateur dépeint les aborigènes tel qu'ils le sont aujourd'hui en Australie. Des gens, en marge, souvent alcoolique, qui ne vivent qu'en communauté sans jamais se mélanger aux blancs. Des gens qui luttent vaillamment pour garder leurs traditions intacts, refusant obstinément de s'intégrer au mode de vie occidental qui leur est imposé. Charlie's Country laisse peu de place à l'optimiste, et au fur et à mesure que le film avance, on comprend l'engrenage dramatique qui mène des milliers d'aborigènes vers l'alcoolisme et le déclassement.
Dans la forme, certains trouveront le film trop lent. D'autres, comme moi, préférons le qualifier de contemplatif. La réalisation n'hésite pas à s'attarder longuement sur des paysages ou sur des scènes à priori anodine. Certains scènes se répète inlassablement tout au long du film pour illustrer la routine de ses personnages, ce qui n'arrange rien sur le coté répétitif du film.
Au final, le film a plus une vocation documentaire que cinématographique.