Artiste pitre
Aout 1914 et Chaplin officie toujours chez Keystone. Il s’affranchit peu à peu du style de la maison en présentant des films aux trames plus ambitieuses ou recherchées. Un petit moustachu ivre dans...
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le 15 mars 2025
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Aout 1914 et Chaplin officie toujours chez Keystone. Il s’affranchit peu à peu du style de la maison en présentant des films aux trames plus ambitieuses ou recherchées.
Un petit moustachu ivre dans un bar. Il se met à raconter ses déboires amoureux aux piliers du comptoir. Dans un flash-back, ce même petit moustachu est artiste peintre et se fait voler sa compagne par son modèle du moment qui se trouve être son meilleur ami. C’est moche.
On pourra peiner à trouver l’ambition dans ce pitch qui ne paie pas de mine. Et pourtant. Il y a d’abord ce travail sur le temps de la narration. Un flash-back puis une ellipse de plusieurs mois au sein du flash-back puis un retour au présent. De l’importance du carton en pareille occurrence. Cette narration est limpide. Pour percevoir l’autre point marquant, il faut revenir au titre original qui, comme souvent sur les premiers courts de Chaplin, est nettement plus à propos. Ainsi, The Face on the Barroom Floor est l’adaptation d’un poème du même nom du John Henry Titus d’une part et Hugh Antoine d'Arcy d’autre part. C’est osé à plusieurs titres. D’abord parce que les films de Keystone sont avant tout des pitreries populaires et en ce sens, proposer une adaptation d’un poème sort des conventions. Ensuite parce que le film commence par un carton reprenant une suite de vers du poème, ce qui est pour le moins énigmatique et prend le spectateur à rebrousse-poil. Dernière chose à remarquer, si tout ça est présenté comme un Chaplin de plus, il est indéniable que l’intention n’est pas la même que dans les films précédents. Le jeu de Chaplin n’est pas au petit Charlot moustachu qui fait rire avec sa dégaine et sa canne. Le film est, en fait, une vraie comédie dramatique et Chaplin montre sa capacité à sortir de son personnage. Ça ne surprendra pas celui qui sait que notre homme s’est fait la main au music-hall en jouant de toute sa gamme mais pour le Chaplin du cinéma, c’est assez nouveau. Cette tristesse pleine de désespoir cruel va jusqu’à un certain non-sens à la toute fin, voire, à une remise en question de la véracité du récit. On est en effet loin du slapstick habituel.
Donc ? Un film enrichissant pour qui aime Chaplin et s’intéresse à son parcours. Reste qu’il n’est pas spécialement plaisant. Mais il est assez probable qui j’y revienne plus tard pour creuser davantage autour de cette transformation.
>>> La scène qu’on retiendra ? Le premier carton, un poème. Hein ? Quoi ?
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Konika0 - Vus ou revus en 2025
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le 15 mars 2025
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