Charlot artiste peintre
6.1
Charlot artiste peintre

Court-métrage de Charlie Chaplin (1914)

Aout 1914 et Chaplin officie toujours chez Keystone. Il s’affranchit peu à peu du style de la maison en présentant des films aux trames plus ambitieuses ou recherchées.


Un petit moustachu ivre dans un bar. Il se met à raconter ses déboires amoureux aux piliers du comptoir. Dans un flash-back, ce même petit moustachu est artiste peintre et se fait voler sa compagne par son modèle du moment qui se trouve être son meilleur ami. C’est moche.


On pourra peiner à trouver l’ambition dans ce pitch qui ne paie pas de mine. Et pourtant. Il y a d’abord ce travail sur le temps de la narration. Un flash-back puis une ellipse de plusieurs mois au sein du flash-back puis un retour au présent. De l’importance du carton en pareille occurrence. Cette narration est limpide. Pour percevoir l’autre point marquant, il faut revenir au titre original qui, comme souvent sur les premiers courts de Chaplin, est nettement plus à propos. Ainsi, The Face on the Barroom Floor est l’adaptation d’un poème du même nom du John Henry Titus d’une part et Hugh Antoine d'Arcy d’autre part. C’est osé à plusieurs titres. D’abord parce que les films de Keystone sont avant tout des pitreries populaires et en ce sens, proposer une adaptation d’un poème sort des conventions. Ensuite parce que le film commence par un carton reprenant une suite de vers du poème, ce qui est pour le moins énigmatique et prend le spectateur à rebrousse-poil. Dernière chose à remarquer, si tout ça est présenté comme un Chaplin de plus, il est indéniable que l’intention n’est pas la même que dans les films précédents. Le jeu de Chaplin n’est pas au petit Charlot moustachu qui fait rire avec sa dégaine et sa canne. Le film est, en fait, une vraie comédie dramatique et Chaplin montre sa capacité à sortir de son personnage. Ça ne surprendra pas celui qui sait que notre homme s’est fait la main au music-hall en jouant de toute sa gamme mais pour le Chaplin du cinéma, c’est assez nouveau. Cette tristesse pleine de désespoir cruel va jusqu’à un certain non-sens à la toute fin, voire, à une remise en question de la véracité du récit. On est en effet loin du slapstick habituel.


Donc ? Un film enrichissant pour qui aime Chaplin et s’intéresse à son parcours. Reste qu’il n’est pas spécialement plaisant. Mais il est assez probable qui j’y revienne plus tard pour creuser davantage autour de cette transformation.


>>> La scène qu’on retiendra ? Le premier carton, un poème. Hein ? Quoi ?

Konika0
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Konika0 - Vus ou revus en 2025

Créée

le 15 mars 2025

Critique lue 5 fois

1 j'aime

Konika0

Écrit par

Critique lue 5 fois

1

D'autres avis sur Charlot artiste peintre

Charlot artiste peintre
Konika0
6

Artiste pitre

Aout 1914 et Chaplin officie toujours chez Keystone. Il s’affranchit peu à peu du style de la maison en présentant des films aux trames plus ambitieuses ou recherchées. Un petit moustachu ivre dans...

le 15 mars 2025

1 j'aime

Du même critique

Calmos
Konika0
7

Barbmos

Le hasard fait succéder Calmos à Barbie. Mais le hasard n’existe pas, diront certains. Et réellement, on tient là un concept bien plus porteur que le Barbenheimer supposé condenser toutes les...

le 5 août 2023

6 j'aime

2

Bowling Saturne
Konika0
2

Commissaire Moulin contre les chasseurs masculinistes

Ce sont le synopsis mystérieux, l’affiche idoine et le succès critique qui m’ont amené à lancer le film. Que de vile tromperie dans ce monde. Ils sont deux frangins. L’un est commissaire de police et...

le 21 mai 2023

6 j'aime

L'Antre de la folie
Konika0
7

Un autre Carpenter

D’une certaine manière, L’Antre de la Folie occupe une place un peu spéciale dans la filmo de Carpenter. Il a quelque chose de différent et c’est ce qui m’a donné envie de le revoir. Un auteur à...

le 11 sept. 2021

5 j'aime