Avis bref
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le 16 janv. 2022
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Les contes de fées offrent une gigantesque ressource malléable dont il est possible d’extraire de riches idées (n’hésitez pas à lire Et à la fin… ils meurent de Lou Lubie, c’est génial). Celle qui concourt au départ de Charming en est une, s’attaquant avec une figure clé mais pourtant assez oubliée des relectures modernes, celle du Prince charmant, en inversant les rôles habituels.
Le Prince « Charming » est ainsi au centre du film mais aussi des attentions. Envoûté par une sorcière à sa naissance, toutes les femmes craquent pour lui au premier regard. Il le sait et il en joue, de son sourire éclatant, mais ce n’est pas sans conséquences sur le bien-être du royaume, car tous les hommes veulent lui faire la peau.
Comme toute bonne malédiction, un échappatoire est possible pour la contrer. Il doit trouver avant ses 21 ans l’élue de son coeur pour que le sort soit levé. Charming a donc libéré Cendrillon, la Belle au bois dormant et Blanche-Neige, et toutes trois lui sont fiancées. Mais le prince doute de ses sentiments pour l’une ou l’autre de ses trois prétendantes.
Son chemin croise un jour celui de Lenore Quinonez, une détrousseuse de riches, une aventurière bien plus dégourdie que lui. Leur rencontre est éphémère, aboutissant sur l’arrestation de la baroudeuse mais elle trouble Charming. En échange de sa libération, les tuteurs des trois fiancées du prince demandent à celle qui a la têtes sur les épaules et la répartie facile d’aider Charming dans sa quête la veille de ses 21 ans, afin qu’il détermine laquelle il souhaite aimer et donc épouser. Lenore doit se déguiser en homme, Lenny, et tous deux vont malgré tout se rapprocher, elle se sentant de plus en plus troublée, lui appréciant la compagnie d’un véritable ami, du moins le pense-t-il.
La séduction mais sans l’amour, telle une malédiction, voilà donc une proposition originale pour ce conte de fée entre comédie romantique et aventure. Le mythe du Prince charmant et des « il était une fois » sont égratignés avec le sourire. Le prince est bon enfant, un peu benêt, mais malgré tout attachant, bien embêté par cette malédiction qui pèse sur lui et sur le royaume. Son pouvoir d’attraction lui causera bien des soucis. Le film est assez drôle à de multiples reprises, profitant de ses personnages excentriques et de quelques touches bien vues, comme ces affiches farfelues des mercenaires.
Mais le film a un énorme problème, c’est qu’on le sent bien à la peine pour faire exister son histoire. En dehors des quelques péripéties inscrites sur la progression, le métrage peine à convaincre, se révélant parfois confus, emmêlé dans ce qu’il cherche à raconter. C’est d’autant plus vrai que le film est assez bavard, parfois pour justifier ses nœuds scénaristiques. La relation entre Charming et Lenore aurait pu être belle, elle est mal amenée. Un long monologue de la baroudeuse cherche à dévoiler les atermoiements de l’aventurière, il manque de clarté. Bien entendu, le film ne peut montrer la belle et indépendante Lenore comme conquise d’un seul coup par le charme de Charming, comme les autres. Il est difficile de bien comprendre le cheminement de Lenore, alors qu’elle est l’un des personnages principaux, l’élu du coeur attendu (et sans surprises) de Charming.
Le film est court, bien trop court, avec ses 70 minutes générique non-compris. Au lieu de vouloir caser l’évolution de ses personnages dans des dialogues bien écrits, souvent amusants, mais parfois trop longs, le métrage aurait gagné à disséminer la progression de cette relation sur une plus longue durée.
Charming, le film, est une petite production, qu’il est difficile de comparer avec ses plus remarquables concurrents et leurs budgets tout aussi remarquables (un certain D… et un certain D… entre autre autres). La production ne joue pas dans la même cour. Mais en reprenant une certaine esthétique assez courante, elle ne cherche pas non plus à jouer sa différence de façon esthétique. Le film date de 2017, c’est presque hier, mais il accuse un sérieux retard technique. Les humains ont cette allure de poupées générique, les décors ressemblent à des jouets avec leurs textures lisses et l’animation est parfois assez limitée. Il y a bien quelques essais un peu plus audacieux, à l’image de certains personnages secondaires, dont les Matilijas, femmes sorcières de la forêt et cannibales, assez réussies avec leurs allures longilignes et leurs designs forestiers. L’une des plus belles séquences est d’ailleurs une scène onirique avec l’une d’entre-elle, la demi-shaman, ainsi appelée car elle voit l’avenir juste une fois sur deux. Elle offre l’un des personnages les plus amusants pour cette raison, avec ces fausses évidences et ses hésitations.
Alors où est passé l’argent ? Peut-être dans son casting et sa bande-son. Toute une série d’artistes généralement féminines et appréciées de la jeune génération ont signé pour le film. Demi Lovato, Sia, Avril Lavigne, G.E.M., Ashley Tisdale ont ainsi vendu des millions d’albums et participent au doublage du film mais aussi à certaines de ses chansons, avec la participation du membre des Fall Out Boys Patrick Stump et du DJ Steve Aoki. Ces quelques morceaux intégrés au film ringardisent les habituelles chansons des Disney, au moins par leurs musiques pop, même si le coeur des textes reste dans le même ton.
Alors certes, le doublage (pour la VO) est de qualité, on peut y ajouter Wilmer Valderrama (Fez!) ou John Cleese, ce qui est une qualité pour un film qui s’appuie ainsi sur les échanges verbaux entre ses personnages. Mais les chèques versés et qui ont dû être salés auraient pu être utilisés pour consolider un film un peu trop branlant, trop court, à l’histoire mal déroulée, à la technique trop sommaire. Cela aurait pu servir à améliorer un film qui est certes sympathique, grâce à son personnage principal attachant et son humour, mais dont l’idée principale et excitante aurait pu être mieux exploitée.
Créée
le 30 sept. 2023
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