Film subtil et d’une clarté saisissante, "Charulata" relève comme tous les grands films de Satyajit Ray d’une structure cinématographique complexe, et développe un tissu narratif foisonnant. Description précise d’un milieu social – les intellectuels et artistes Bengali de la fin du XIXe siècle – et une réflexion profonde sur l’écriture (pourquoi et pour qui écrit-on ?), c'est avant tout une intrigue sentimentale qui s’élabore autour d’un magnifique portrait de femme : par son obstination - et son talent - à saisir les indices purement visuels qui figurent l’éclosion, pourtant imperceptible, du sentiment amoureux, Ray prouve combien le cinéma peut être grand, lorsqu'il fait surgir tout un monde intérieur à la surface du corps, de la peau même d'une actrice.
[Critique écrite en 1981]