Marché de dupes

En 1939, Thorndyke, un célèbre chasseur de fauves britannique, s'approche du Berghof d'Adolf Hitler. Apercevant le chancelier allemand sur une terrasse, il épaule sa carabine et simule un tir. Il est arrêté et Quive-Smith, un major nazi lui propose un marché: sa liberté contre la confession qu'il voulait tuer Hitler sur ordre du gouvernement britannique.

Chasse à l'homme (Manhunt) est un thriller américain réalisé par Fritz Lang en 1941.

Film de propagande et rappel historique

Il s'agit d'un film de propagande anti nazi réussi bâti sur une fiction mais dont la trame historique n'était pas si éloigné des relations Germano-Britanniques de l'époque.
En effet, alors qu'il contournait chaque jour davantage les règles du droit international en envahissant successivement l'Autriche, les Sudètes puis la Pologne, il faut se souvenir que l'Etat Major nazi a longtemps voulu pactiser avec la Grande Bretagne, afin de la maintenir en dehors d'un conflit qui, provoqué par l'Allemagne, allait s'étendre à toute l'Europe. Bien qu'elle ait longtemps reculé, la Grande-Bretagne a finalement refusé cette neutralité lorsque la Pologne fut attaquée. A l'époque, l'Allemagne cherchait donc un prétexte pour prendre l'initiative des hostilités en feignant de respecter le droit international. C'est ce que décrit Chasse à l'homme avec le marché de dupes proposé à Thorndyke.

Le gentleman chasseur et le petit singe têtu

Chasse à l'homme repose sur un duo d'acteurs épatant, celui de Thorndyke (Walter Pidgeon) et de Jerry Stokes (Joan Bennet). Les deux acteurs m'ont fait passer par tous les états d'esprit, du rire à l'émotion. La jeune Terry Stokes est pétillante et désarmante, tellement elle est naturelle. Elle tombe très vite sous le charme de Thorndyke, un gentleman d'âge mur célibataire très britannique qui finira lui aussi par tomber amoureux. Thorndyke considère d'abord cette jeune femme qu'il a rencontré dans sa fuite comme une enfant, il la qualifie même avec tendresse de "Petit singe têtu".
Joan Benett est formidable dans le rôle de Jerry Stokes. Elle fait passer beaucoup d'humour dans ce film dont le propos est pourtant majoritairement sombre et dramatique. L'actrice deviendra d'ailleurs une des actrices favorites de Fritz Lang (La femme au portrait, La rue rouge...).
Le casting du film est très bon: George Sanders, dans le rôle d'un personnage ambivalent et intrigant qui lui va comme un gant (Quive Smith), John Carradine, l'un de ses acolytes, sans oublier Walter Pidgeon dans le rôle principal. A noter également la présence de Roddy Mc Dowall dans le rôle d'un tout jeune moussaillon.

Fritz Lang ne se prive pas de rappeler dans cette fiction le cynisme d'Adolf Hitler et de ses acolytes, l'usage permanent de la force et le piétinement de toutes les règles de droit international par le pouvoir nazi qui, en 1941, avait déjà fait comprendre à ses adversaires le danger mortel qu'il représentait.

Trailer

Cette 1168éme critique est dédiée à Piero.

Ma note: 8/10