Chat noir chat blanc est un miracle
En 1995, une polémique éclata après l'attribution de la palme d'or du festival de Cannes au précédent long métrage de Emir Kusturica: Underground. Jugé comme étant pro-Milošević, le réalisateur serbe fut considéré à tort comme étant fasciste, à la suite de quoi, il déclara qu'il arrêtait sa carrière de réalisateur.
Heureusement pour nous, il changea d'avis, et trois ans plus tard, en 1998, sortit Chat Noir, Chat Blanc, son film le plus bordélique.
Le changement dans le fond fut radical par rapport à Underground: fini les messages politiques, Kusturica nous offre ici un conte d'une puissance poétique rare. Le film déborde de joie et de bonne humeur et il laisse le spectateur joyeux et heureux après la séance.
Chat Noir, Chat Banc est avant tout une comédie à l'humour totalement absurde et improbable. On y parle de mariages, d'escroqueries, de rivalités entre familles. On y croise des personnages tous plus farfelus les uns que les autres: Matko le gitan, Grga le parrain, Dadan le gangster cocaïnomane fan de Abba, on y croise aussi des morts qui ressuscitent comme par magie, et bien sur, les fameux chats noir et blanc du titre.
Le film est portée par une musique extraordinaire, d'une gaité rarement égalée dans un film (à part peut être... dans les autres films de Kusturica!). Entre l'orchestre ligoté dans l'arbre, la techno dans la limousine et la cantatrice qui arrache des clous avec son postérieur, le groupe de Kusturica lui-même, le No Smoking Orchestra est omniprésent dans le film.
Pendant plus de deux heures, le spectateur en prend plein la vue, et plein les oreilles. Chat Noir, Chat Blanc est un chef d'œuvre dans son genre, et il est presque unique en son genre. Un très grand moment de cinéma. Mon seul regret étant de ne pas parler serbe... jamais je ne pourrais capter l'intégralité des dialogues et la subtilité de leur humour.