Quand nous chanterons le temps des gitans..
Chat noir, chat blanc a été mon premier Kusturica.
J'ai eu du mal à franchir le pas, la galette a pris la poussière sur une étagère pendant des mois. Et y a eu plusieurs tentatives. Premier contact difficile : trop sale, trop étrange, je vais rien comprendre au cinéma des Balkans et puis ce personnage me fait peur avec ses dents pourries....
Heureusement -Heureusement !- Une soirée d'hiver me trouva désœuvré et c'est bien emmitouflé sous ma couette que je me plongeais dans les mystères de cet univers inconnu. J'étais décidé à ne pas me laisser impressionner par le bois vermoulu et l'odeur de friture.
En dix minutes, la couche de crasse s'est dissoute pour révéler un monde aussi magnifique qu'il est bordélique, des personnages aussi attachants qu'ils sont moches et une histoire brillante à la limite entre le conte et la comédie romantique. Ces vieux sages dégarnis, ces jeunes désabusés, ces mégères aigries, ces hors la loi kitschissimes et ces clochards terrestres croisent leurs destins le long d'un fleuve de la vie charriant rebondissements et poésie. On rêve, on rit, on pleure, on s'évade et longtemps après, on continue à fredonner les musiques tziganes qui portent le tout.
Un grand moment de dépaysement, de quoi se coller un petit sourire aux lèvres pour les jours à venir.