Trompette, cor et accordéon en tenue traditionnelle slave
J’eus découvert en des temps maintenant lointains un réalisateur serbe aux cheveux gras, mal rasé, aux allures de plombier polonais. Plus tard je le retrouvais habillé en smoking, à peu prêt aussi élégant que s'il eu porté un jogging Décathlon, il faut dire qu'avoir les cheveux visiblement lavés à la graisse de porc n'aidait pas. Son nom ? Emir Kusturica, au festival de Cannes. Si j'ai l'air d'adopté le ton d' "Il était une fois la vie" c'est tout simplement parce que ce film représente à peu de chose pret le tout premier film que j'ai vu de Kusturica et quelle surprise !
Ce fut une expérience nouvelle, un film hilarant, à en pleurer, gigantesque, et à l'époque pour moi qui avait biberonné aux vieilles comédies françaises quasi-sacrées et aux comédies un peu lourdingues américaines, je prenais un bain de film qui encore aujourd'hui conditionne une partie de mon univers cinématographique.
Car ce film est à l'image de son réalisateur : décalé, frais, et original, à la fois éclatant d'humour et terrible de sensibilité et de justesse dans le ton. Par bien des aspects je trouve ce coté de tendresse brute et d'humour décomplexé et maitrisé quoi que vaudevillien que j'aime tant, car dans Chat noir chat blanc, on ne compte plus les plâtres qu'ont dû essuyer la bande de bras cassés du scénario entre personnages attachants, hauts en couleur et désespérants d'ignorance qui les rend attachant.
En fait si je devais faire un parallèle un brin désobligeant, c'est comme si le cinéma français très porté sur le balais dans le cul avait décidé que quitte à devoir s'enfoncer le manche jusqu'à la gorge, cela n'empêchais pas d'y ajouter un plumeau, de porter une couronne de plumes sur la tête et de jouer du balalaïka et de l'accordéon en hurlant des chansons paillardes. Car oui, c'est ça le cinéma d'Emir Kusturica, avoir élevé l'absurde au rang d'art sans pour autant oublier d'y ajouter une petite histoire douce comme un gout de vanille dans du vin de citron.
Et oui c'est aussi l'histoire de l'amour, l'histoire des amours, mais des amours aussi absurdes au final que le film en lui-même entre tendresse et cadavre exquis amoureux.
Au final c'est une sorte de pot pourri mais pas moisi de personnages tous aussi désespérément drôles les uns que les autres et d'un jeune couple qui vit son premier amour, une sorte de belle et le clochard version serbe. Un schéma récurrent dans les films de Kusturica avec toujours cette géniale absurdité dans l'humour parfois noir jeté tout le long du film.
Bref, toi lecteur,toi lectrice : tu vois le film et on s'en reparle, ok ?