Ché : Guérilla est un bon film, avec des cadrages académiques et efficaces. Le film ne retrace pas toutes les guérillas du Ché (Vénézuela, Congo), mais la dernière, la Bolivie. Le dénouement étant connu, il règne une petite ambiance à la Patt Garett et Billy the Kid, où l'on sait comment cela va finir.
Le film est tourné dans des paysages de jungle ou de montagne. On ne croise Fidel (doublage atroce en français) ou des personnages de la CIA que rapidement, le récit se concentrant vraiment sur la dernière campagne du Ché. N'ayant pas encore lu son journal, je ne peux dire si c'est fidèle ou romancé. En tout cas le film offre un regard intéressant sur ces guérilleros, dont on insiste bien sur le côté pacifique, poli et compassionnel dès qu'ils s'adressent à des paysans/damnés de la terre, et loyaux dans leurs affrontements contre les colonnes militaires régulières.
Hagiographie ? Le film insiste sur les conditions matérielles, les choix incessants qu'exige la guérilla, ce qui lui évite de porter un message ambitieux, hélas. Rares sont les moments où l'on voit le rêve derrière le Ché. Ah, et la dernière partie est un peu longue, à partir du moment de son arrestation. On voit la mythification déjà à l'oeuvre : peu original.
J'ai surtout été sensible à la reconstitution de la vie de guérilla, l'usure liée à la vie au grand air, la ténacité et la tactique du foco si chère au Ché : le groupe de la guérilla, s'il parvient à s'implanter auprès des paysans et les persuader qu'il va les protéger, devient l'avant-garde de la révolution.
Les acteurs sont fort bons, à commencer par Benicio del Toro (mais je ne suis pas objectif), les méchants sont un peu unidimensionnels mais bon.
Synopsis
Le film s'ouvre en 1965, avec Castro lisant une lettre du Ché dans lequel il explique sa disparition subite pour aller faire la guérilla ailleurs. Guevarra change de visage et rejoint via le Pérou la guérilla qu'il veut fonder en Bolivie. On ponctue l'évolution, les incidents liés au moral (100e jour, 113e jour etc...).
Deux déserteurs les trahissent et un dépôt est pillé près de leur camp. Tania, qui devait être leur liaison avec l'extérieur, panique et revient au camp malgré les instructions, ce qui compromet sa couverture. En représailles, ils attaquent une colonne armée. Ché propose aux soldats de déserter, mais ils ne sont pas intéressés.
Ché demande à Régis Debray et à deux amis cubains de quitter la colonne. Ils se font ramasser par la police politique bolivienne, soutenue par la CIA. Une grève de mineurs se déclenche : la guérilla veut aller les aider mais n'arrive pas à temps.
Le guet-apens final à La Higuera. La mort du Ché traîne un peu en longueur.