Étonnant a priori de voir qu'un film de 2011, japonais de surcroît (bien qu'avec l'aide d'animateurs soviétiques, dont Norshteyn ?), puisse refaire 2 ou 3 épisodes de ce modèle de l'animation soviétique en en respectant la lettre et l'esprit - le premier épisode n'a d'ailleurs pas de mal à le faire puisqu'il en est une translation étonnamment parfaite de la 2D originale vers la 3D de certains extraits des épisodes soviétiques des années 70.
Avec l'amitié, la gentillesse comme ligne de force, la volonté d'aller au bout de ses rêves (avec l'entraînement et l'entr'aide collective) comme slogan sous-jacent, le film est une parfaite illustration de la morale des jeunesses communistes.
Oui, Cheburashka a la force et les limites de l'utopie soviétique : toujours au bord de la sucrerie niaise trop pleine de bons sentiments, sans jamais y tomber vraiment, grâce à quelques étrangetés animales probablement (la non-existence de l'espèce Cheburashka, les animaux, simples employés au zoo rentrant chez eux le soir, etc...) et grâce à l'introduction d'un diable ou deux (dont Chapeau Clac) mais surtout grâce à l'animation elle-même qui finit par être viable sinon idéologiquement, du moins sentimentalement, créant un monde à part, avec ses règles et leur expression visuelle homogène.
Par moments, la pensée nous traverse : L'utopie communiste serait-elle une pensée enfantine ? Dont il faut constamment affermir, consolider les bases morales et la bonne volonté à coup de petits lexiques tels Cheburashka. Sans doute non, et ce n'est pas le propos (juste un éventuel dégât collatéral du film) mais cela manque tout de même terriblement de complexité, quand bien même c'est un dessin animé dont la destination est assez claire, trop claire, comme un vin noyé par de l'eau.