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[Publiée le 14 Janvier 2023 sur Un Certain Cinéma]


WARHOL, appellation d’origine associée au Pop Art, sans pour autant savoir de quoi ou de qui il est question. Néanmoins, Warhol n’est pas reconnu, tout juste connu même, pour sa dense carrière cinématographique qui trouve parfaitement sa place dans un contexte new-yorkais des plus créatifs, porté au cinéma par celui dont le nom est le plus resté de nos jours, bien qu’il ne soit malheureusement pas connu comme il pourrait le mériter, le « filmeur » Jonas Mekas, ami de l’artiste peintre et cinéaste Andy Warhol.


Les Screen Tests (1964-1966) dans la filmographie de ce dernier marquait déjà un intérêt pour un cinéma de l’instant, où le gout du concept dominait sur l’œuvre finie, tout en s’intéressait à des actions de vie, à des instants, à capturer le temps tout en se demandant à qui appartient ce temps pris et à qui sera-t-il offert. Très proche du fameux quart d’heure de célébrité imaginé par Warhol, les screen tests n’avait pas une quelconque dimension documentaire, là où Chelsea Girls (1966) s’en rapproche à travers son voyage dans l’intimité de ses sujets.


En effet, il s’agit d’une œuvre fleuve par sa durée d’une part, mais surtout sensiblement documentaire d’autre part. Cette observation se fait dès la première scène où Nico apparaît dans sa cuisine, se coiffant, discutant et gardant son fils ; la caméra est oubliée, tout devient naturel : des gens dans l’Hotel Chelsea, à New-York. Tout apparaît évident et l’œuvre trouve un intérêt dans cette démarche de Warhol de chercher derrière les masques de « Superstar » qu’il a lui-même créé pour ces personnes.


Néanmoins, il ne serait juste de décrire Chelsea Girls tel un documentaire qui « prend la vie telle qu’elle est », de manière « pure » et « naturelle », une « Vérité » autrement dit dans un langage peu précis et vague. Ces deux-cent-dix minutes d’écran divisé sont également composées de scènes à tendance très psychédélique, aux couleurs vives qui sculptent les visages par les ombres, mystifient les corps par les noirs très sombres qui ne sont atteints par cette faible source de lumière colorée, sensualisent par la douceur avec laquelle ces couleurs épousent les peaux et dessinent les cheveux.


L’alternance du noir et blanc avec la couleur tout comme la surexposition contraste avec les scènes sous-exposées rythment ce lent faux-récit interminable dont l’écran divisé permanent rappelle la simultanéité évidente des actions diverses et variées de chacun, idée renforcée par la vacuité des discussions qui remplissent un vide de chacun, que l’échange verbal, la communication, les bruyantes paroles qui se répondent viennent combler. D’ailleurs il est presque regrettable que le film ne se voit pas offrir plus d’expérimentations sonores qui auraient été justifiées et sans nul doute fort intéressantes.


Il reste de Chelsea Girls une longue vidéo en écran divisé qui ne se voit même pas offrir un succès à travers les quelques copies numériques existantes sur Internet, mais qui demeure au sein des initiés un film très important de la filmographie de Warhol, sûrement ce qui peut être considéré comme son chef-d’œuvre.

SKP
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le 19 août 2024

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Enzo

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