Chemin de croix par ffred
Rarement l'emprise de la religion et les effets qu'elle peut avoir sur un « esprit faible » aura été montré avec autant de réalisme et de force au cinéma. N'étant pas du tout religieux (mais pourtant fasciné par ce genre de film), j'en suis sorti tout aussi effrayé que perturbé. La mise en scène est d'une maitrise totale, minimaliste, épurée voir sèche et aride. On pense beaucoup à Haneke. Seulement quatre mouvements de caméra, dans trois scènes si je ne m'abuse (celle de la confirmation, celle de l'hôpital et la dernière), dans un film qui comporte quatorze chapitres. Le scénario est une merveille d'écriture et de sobriété récompensé par le prix du scénario à Berlin cette année. Autant de plans séquences représentent les quatorze étapes du chemin de croix de Jésus mis en parallèle du calvaire de Maria, la jeune héroïne. La jeune actrice Lea van Acken (dont c'est le premier film) est exceptionnelle, totalement habitée. La direction d'acteurs est par ailleurs parfaite. Franziska Weisz dans le rôle de la mère est aussi formidable. Un parfait exemple de la manipulation malsaine et dangereuse de l'intégrisme des religions, quelles qu'elle soient. Un film dont on ne sort pas indemne, avec un sentiment vraiment très troublant. Sans doute l'un des plus beau, sur la forme, et l'un des plus puissant, sur le fond, de l'année. Complexe, austère, déroutant et dérangeant. Un choc.