Le film raconte la relation sentimentale entre Fred, dit Chéri, et Léa, une demi-mondaine amie de sa mère, elle-même ancienne cocotte.
Je doute que le roman de Colette soit aussi ennuyeux, futile, mélo, que ce que propose le réalisateur Pierre Billon. Et le rôle-titre est-il ce jeune homme fat et arrogant, d'apparence peu virile, tel que le joue Jean Desailly dans une composition franchement datée? Le film est typique de la Qualité française que Truffaut dénoncera quelques années plus tard: une adaptation très médiocre et impersonnelle pour le cinéma d'un classique de la littérature.
Ce film tout en intérieurs Belle Epoque a pour décor le milieu de courtisanes retraitées et rabougries. C'est pittoresque et insignifiant. Et le film nous embarrasse d'un fond musical quasi permanent, une valse en forme de musique de manège vite insupportable.
Dans sa mise en scène figée et bavarde de la liaison entre Chéri et Léa, liaison amoureuse qui sombre petit à petit dans le pathos, Billon dépourvu de sensibilité et d'idées de mise en scène, passe franchement à côté du sujet. A savoir la relation entre un jeune homme et une femme qui pourrait être sa mère, avec tout ce que cela comporte de considérations psychanalytiques entres les deux; et d'autre part, son adaptation néglige la personnalité, mal définie ici, d'un homme grandi au milieu de cocottes et délaissé par sa mère.
Ces thématiques sont sans doute trop complexes ou audacieuses pour l'époque cinématographique, pourvoyeuse de conventions; à moins que le réalisateur soit nul. Les deux hypothèses sont probables.