Il m’aura rendu parano en mangeant mes céréales, persuadé que des petits bonhommes faisaient trempette dans mon lait. Sortie au printemps 1990, Chérie j’ai rétréci les gosses voyait le réalisateur Joe Johnston nous livrer une œuvre au concept ambitieux. Faites la connaissance des excentriques Szalinski dans un film culte devenu une icône de la pop culture, traversant au passage de nombreuses générations.
Cobayes malgré eux
Comment est ce que je pourrais oublier Chérie j’ai rétréci les gosses ? LE premier film que j’ai vu au cinéma. Agé de 5 ans, je me rappelle encore marcher le long de ce couloir blanc jonché des prochains films à l’affiche du cinéma dont celle d’un certain Freddy Chapitre 5 (qui m’aura causé de nombreux cauchemars), sentant pour la première fois de ma vie l’odeur de pop corn, puis entrer dans une grande salle et m’immerger dans un film réduisant des enfants à une taille encore plus petite qu’une fourmi. Comme ces héros, nous, spectateurs, avions cette sensation, de par la taille de l’écran de cinéma, d’être nous aussi minuscule. Ah la naïveté…
Impressionnant, spectaculaire, drôle, terrifiant (les musiques en rajoutant une couche), émouvant (ah mimi le bébé fourmi et ces petits bruits trop mignons, ce qu’elle a pu me faire pleurer), Chérie j’ai rétréci les gosses c’était du vrai, du pur cinéma de science fiction, une aventure inoubliable pour un enfant. Son générique en dessin animé donnait déjà le ton, s’amusant à nous montrer des objets du quotidien devenant dangereux pour des enfants en taille réduite. Remarque amusante en avançant dans l’histoire, Wayne Szalinski et Randall Peltzer (Gremlins) ont un point en commun : ce sont tous les deux des inventeurs de machines douteuses encombrant leur maison.
Dans Chérie j’ai rétréci les gosses, si vous mesurez 6milimètres, absolument TOUT devient une menace. Malheureusement, comble de malchance, ce sont des enfants qui en feront les frais. L’aspirateur devient un aspiratueur, un pas d’humain de taille moyenne équivaut à une secousse sismique, les fourmis sont de véritables éléphants, un petit lego devient un abri pour dormir, et je ne vous parle pas des dégâts d’une simple goutte d’eau.
Du cookie fourré à la crème aussi grand qu’une maison, aux herbes hautes dignes de la jungle amazonienne, le jardin des Szalinski a beau être petit si on le voit de nos yeux, aux yeux d’un être microscopique, il est gigantesque. Menaces, féérie, gourmandise, partant de là, le spectacle est de rigueur. Face aux conséquences d'une situation paraissant normal d'un point de vu humain, sur des personnes petites, l'univers parait totalement différent. C’est là qu’on comprend que même dans la vie réelle tout est une question de point de vue et d’angle de vue.
Une chose est sûre, c’est pas une mauvaise méthode si on veut faire
une compote de pommes.
Ne laissez plus jamais trainer vos jouets et vos détritus dans votre jardin !
Chérie, j’ai rétréci les gosses jouera donc avec ce principe transformant quelque chose d'ordinaire en quelque chose d'extraordinaire. Tout parait tellement réel. Une merveille à voir nos enfants déambuler dans un jardin devenu une vraie jungle pour eux. Joe Johnston et son équipe ont travaillé d’arrache pied tant sur le plan visuel qu’auditif.
Par exemple, à l’état d’une taille de têtards, nos héros se verront évoluer dans un univers où un simple bruit de battement d’ailes de papillon, équivaut au bruit des hélices d’un hélicoptère. On a donc fait un travail minutieux sur les bruitages, les amplifiant. Les effets spéciaux, eux, ont certes prit un léger coup de vieux compte tenu de ce qu'a pu nous servir un certain Ant man, ils n'en demeurent pas moins magiques. Quant au design de la machine à rétrécir, il fait rêver. Son célèbre laser rouge bleuté et son bruit terrifiant, un régale. Vous vous en souviendrez longtemps de cette séquence de premier rétrécissement. Hormis la scène de l'attaque du scorpion, Chérie j'ai rétréci les gosses n'impressionnera pas. Il angoissera beaucoup, mais n'impressionnera pas.
Il n’y a pas que l’esthétisme qui fait que ce film est un film culte. On doit le succès aussi à ses valeurs humaines, son casting (Rick Moranis à son meilleur) fait de personnages attachants, le développement sur les relations entre les personnages et l’émotion retransmise. En particulier du coté d’une certaine Mimi la fourmi. Chérie, j’ai rétréci les gosses : le premier film où tu t’attaches à un insecte.
Qu'importe si nous ne sommes pas dans un dessin animé, nous sommes dans un Disney, on inculquera donc de jolies valeurs inspirants les enfants, tout en leur apprenant certaines choses de la vie : la tolérance, le premier coup de foudre, le courage, le sacrifice, la solidarité, le fait que les fourmis sont nos amies, l’ouverture sur l’autre en apprenant à le connaitre et ainsi balayer les préjugés que l’on pouvait avoir sur lui/ou elle.
Au départ, les relations entre nos personnages adultes comme enfants, familles comme voisins, sont tendues. Il s’agira donc à travers nos péripéties, de les faire évoluer, les remettre en question. Entre le père de Ron et Russell apprenant que ce qu'il veut n'est pas forcément ce qui est bon pour son fils ainé, et Wayne apprenant que le travail n'est pas tout dans sa vie, Chérie j’ai rétréci les gosses montrera que les avancées technologiques, si elles sont mal utilisées, peuvent causer de graves problèmes.
Quand on s’est écrasé, j’ai revu dans ma tête tout le film de ma vie.
C’était un tout petit film.
Au final, si vous aimez les inventions farfelues, la science, les savants fous, les personnages attachants, les gros insectes, l’aventure, les effets spéciaux réalistes, les musiques d’ambiances, l’humour et les personnages déjantés, ne cherchez pas plus loin, foncez sur l’œuvre culte de Joe Johnston, qui, avant de nous divertir comme un chef avec Jumanji, nous offrait un pur moment cinématographique grâce à son Chérie, j’ai rétréci les gosses. Au passage, le film m’aura apprit à siffler. Merci Amy.