Le casting de Monkey Business ("Chérie, je me sens rajeunir" en français) comprend certains des meilleurs acteurs des comédies "loufoques" (aka Screwball comedies) des années 40/50, dont le maitre absolu du genre Cary Grant et une toute jeune Marilyn Monroe encore débutante. Le film est aussi connu pour son réalisateur Howard Hawks, qui est l'homme responsable de l'une des plus célèbres, si ce n'est LA plus célèbre, de toutes les Screwball comedies avec Bringing Up Baby ("L'Impossible Monsieur Bébé" en français).
Le film débute sur Cary Grant se comportant bizarrement, alors que sa femme incarnée par Ginger Rogers, essaie de le faire sortir de la maison. Il agit comme s’il était déficient mental, mais en réalité c'est juste un scientifique un peu distrait, qui est en permanence plongé dans ses pensées. Cary Grant incarne donc ce chimiste, le Dr. Barnaby Fulton, qui travaille sur une formule pour arrêter le vieillissement et peut-être même pour l’inverser.
Le titre du film a deux significations. Le laboratoire du Dr. Barnaby utilise des chimpanzés pour les besoins de leurs recherches scientifiques. Mais le titre fait également référence à la bêtise humaine, avec des personnages qui semblent reproduire tout le temps les mêmes erreurs ... encore, encore et toujours encore.
Bizarrement, c’est Marilyn Monroe qui tire le mieux son épingle du jeu, dans le plus petit rôle du film, celui de la secrétaire pas très réfléchie. Comme à son habitude, elle joue la pin-up de service. C'est un rôle très imité, mais en même temps elle le fait tellement bien. A chaque fois qu’elle apparaît à l'écran, elle vole littéralement la vedette à Cary Grant, Ginger Rogers et Charles Coburn ... ce qui n’arrive pas assez souvent à mon goût, à cause d'un rôle trop limité. Elle dégage un sex-appeal qui vous charme immédiatement, même quand ses dialogues ne sont pas si drôles que ça. Il est évident en voyant ce film, que Marilyn Monroe était déjà une superstar en devenir.
Cary Grant fait du Cary Grant et il remplit plutôt bien sa mission. Il est très drôle dans la plupart des scènes où il apparait, mais la séquence avec les enfants déguisés en indiens est trop tirée par les cheveux, même au sein d'une comédie loufoque. C'est tout de même jubilatoire de le voir performer dans ce rôle régressif, de grand adulte qui se comporte comme un enfant. Parfois malgré tout, il semble presque détaché de son personnage, comme si lui-même n'y croyait plus (quand ça va trop loin dans le ton régressif).
Ginger Rogers est assez agaçante lorsqu'elle revisite avec Cary Grant, la chambre d'hôtel où ils ont passé leur lune de miel. Elle devient hystérique et pleurniche à volonté, lorsqu'il mentionne le nom de sa mère. Ginger Rogers ne me convainc vraiment, que lorsqu’elle joue la version régressive d'elle-même, mais on ne lui donne pas suffisamment d'opportunités pour briller.
Charles Coburn joue sans le moindre effort, ce genre de rôle est naturel pour lui. Il est particulièrement drôle, lorsqu’il fait référence au manque de compétences de sa secrétaire ... "Tout le monde sait taper" dit-il en s'adressant à Marilyn Monroe, jouant une dactylographe qui ne sait pas taper. Hugues Marlowe semble très mal à l’aise dans son rôle de victime des pitreries de Cary Grant (aka la séquence des indiens). Ici on est loin de son registre d'acteur, comme dans Ève de Joseph L. Mankiewicz.
Monkey Business est une bonne comédie, qui remplit aisément son contrat, à savoir faire rire et passer un bon moment. Comme dans toutes les Screwball comedies de cette époque, le rythme des gags est très élevé et on n'a pas le temps de s'ennuyer. Mais le tableau n'est pas parfait, car le film souffre d'un manque certain d'enjeux scénaristiques et de surprise. C'est un peu trop plan-plan tout ça, quoi ! Et puis les gags se font au détriment des deux stars principales du film, qui par ailleurs montrent un manque certain de complicité à l'écran.
Au final, Monkey Business n’est peut-être pas un chef-d’œuvre de la comédie, mais c’est un bon divertissement, qui représente parfaitement le genre auquel il appartient. C'est donc une bonne Screwball comedy, mais loin d'être la meilleure du genre.