En 2019, la mini-série américano-britannique "Chernobyl" avait été une jolie surprise. Présentant le célèbre accident nucléaire avec pédagogie et réalisme, et taclant le système soviétique, elle connut un succès étonnant. Deux ans plus tard, les Russes contre-attaquent avec un film sorti en 2021, sobrement intitulé "Chernobyl" (et affublé de divers sous-titres selon les pays de sortie).
Ceux qui s'attendent à une oeuvre de propagande nostalgique défendant le régime soviétique seront déçus. Car si cette version 2021 semble constituer une réponse au succès de la mini-série occidentale, elle se centre presque exclusivement sur les liquidateurs, ces travailleurs chargés de la sale besogne après l'accident nucléaire.
On a ainsi le droit à une introduction plus ou moins romantique de 30 minutes, pas déplaisantes mais sans grand rapport avec la centrale. Puis survient l'accident, dont les causes ne seront jamais évoquées, et qui restera au second plan. De même que la gestion de crise, limitée à quelques dialogues. Le film préférera se centrer sur les morceaux de bravoure d'un héros pompier de profession, cherchant à recoller les morceaux avec la femme qu'il aime (intrigue par ailleurs fictive, tout comme la totalité des personnages).
Ceux qui veulent en savoir plus sur l'accident seront donc également déçus... et on ne saura que leur recommander la série de 2019. Ce choix d'écriture est pour le moins étrange, et ne paye pas vraiment. D'autant que l'on a du mal à voir pourquoi il a été retenu (volonté de ne pas faire de redondance avec la mini-série ? volonté de ne pas évoquer les causes pour ne pas égratigner le régime ? réelle envie de se limiter à mettre les liquidateurs en avant ?).
Toutefois, ne boudons pas notre plaisir. Les acteurs sont dans l'ensemble tout à fait convaincants. Visuellement, le film est assez réussi (photographie, décors, reconstitution...). Et les scènes de "nettoyage" prennent aux tripes.
Mais on ne peut s'empêcher de penser que l'entreprise est quelques peu inutile...