Pépite hypnotique

D'après mon cher ami Wikipedia, le chernozem est un sol noir extrêmement fertile car riche en humus et en nutriments. Le film du même nom, né d'un matériau tout aussi noir et un peu blanc (sinon on ne verrait rien), se veut également très riche et fait pousser de bien belles idées.

Tourné en noir et blanc sur cassette VHS et monté à la façon d'un film expressionniste allemand des années 30, Chernozem n'est pas sans rappeler les films d'un certain Guy Maddin. L'image est cependant encore plus contrastée (très peu de nuances de gris), presque crade mais toujours lisible. Ce traitement représente également un excellent cache misère qui permet à des effets spéciaux fabriqués trois fois rien de fonctionner à mort. On est littéralement hypnotisés par les aventures de ce type avec une usine sur la tête qui, à la façon de Candide, découvre dans sa fuite l'horreur de l'univers où il vit, un univers industriel sinistre peuplé de créatures bizarres et de dieux-usines.

Le film est presque entièrement muet. Aucune prise de son n'ayant été réalisée pendant le tournage, la bande sonore a été entièrement pensée en post-production. Si vous aimez la musique industrielle un peu hardcore, vous serez aux anges puisque la bande originale déchire.

J'espère sincèrement (même si je n'y crois pas trop) que ce film sera montré, diffusé, et qu'il rencontrera au moins autant de succès que Begotten (1990), qui avait eu droit à une sortie DVD.

Pour conclure, je dirais que lorsqu'on regarde un film, le contexte est très important. Pour ma part, je l'ai vu à l'étrange festival, après avoir enchaîné deux Sono Sion (dont Tag, très bon mais épuisant) et Turbo Kid, des films très colorés et riches en action. Après un tel déluge d'effets spéciaux, de violence et de couleurs, Chernozem fut salvateur. Merci l'étrange festival !