Le film démarre bien avec un plan d'ouverture vertigineux, puis une présentation plutôt amusante des personnages et enfin un plan séquence de danse assez hallucinant. Puis les personnages commencent à discuter et là, premier malaise : deux personnages discutent successivement de la possibilité de violer chaque membre du groupe d'un air rigolard et décontracté. Les rires des spectateurs qui accompagnaient ce dialogue m'ont fait froid dans le dos. Culture du viol, bonjour !
Puis la drogue fait effet, la caméra se "débulle" et la descente aux enfers commence pour de vrai. Nous assistons alors à la transformation d'êtres humains en animaux sauvages et les spectateurs sujets au mal de mer (aussi appelé cinétose ou motion sickness) commencent à avoir l'estomac qui proteste. Violence, démence, un personnage prend feu, auto-mutilation forcée ... c'en est trop, j'ai la tête qui tourne, je perds définitivement l'espoir que ce film puisse être sauvé dans les séquences suivantes et que la caméra se stabilise à nouveau : je quitte la salle.
Comment ? Je n'ai pas vu la fin du film et j'ose en formuler une critique aussi tranchée ? Oui et ce pour deux raisons. Tout d'abord pour une mise en garde : si vous avez le mal de mer (cinétose, etc.), ce n'est même pas la peine de tenter l'expérience. Ensuite, pour tenter d'exorciser ce mal qui m'a pénétré tel la "frogmoth" de David Lynch. En sortant de la salle, j'ai éprouvé une profonde aversion pour l'espèce humaine et j'avais pour unique envie de quitter mon corps et de m'isoler dans un puits de ténèbres le temps que mon esprit se purge des visions qu'il venait d'absorber. Car Gaspar Noé nous montre l'horreur de façon très crue au travers d'une mise en scène minimaliste et réaliste. Il n'y a dans ce film (tout du moins de ce que j'en ai vu) aucune distance, aucune métaphore : tout est cruellement direct, prend aux tripes et vous fait vivre l'expérience du mal pur et simple. Au vu des nombreuses critiques enthousiastes, certains semblent y trouver du plaisir ou tout du moins une forme d'expérience constructive. Personnellement, j'ai juste souffert.
Bref, si vous aimez la danse et les êtres humains, allez plutôt voir des danseurs sur scène.