L'idée du film est simple. 6 hommes en vacances sur un yacht décide de jouer à un jeu. Le but du jeu étant de décider qui parmi ces 6 hommes est le meilleur "en général". Pendant toute la durée de leur vacances, les 6 hommes vont donc se juger les uns les autres sur tout et n'importe quoi. La façon de parler, la façon de marcher, de dormir, la taille de leur pénis (évidemment), la qualité de leur sang, leur rapidité à monter une armoire ikéa, leur vie de famille, leur sonneries de téléphone... Bref, tout est scruté, analysé, jugé.
Derrière le jeu et la critique d'une société compétitive, se cache également une analyse de la masculinité. Au final, le meilleur en général sera simplement le mâle alpha de la meute. Celui qui bande, celui qui est performant, celui qui n'a pas de faille. Celui qui domine les autres. Et je dois reconnaitre que la réalisatrice a su capter l'essence des rapports sociaux entre hommes. Car même sans jeu, ni récompenses, les hommes construisent leurs relations sur la comparaison et la domination.
Cependant, même si le film tape assez juste dans son propos, j'ai été assez déçu de la conclusion.
Pendant tout le film, les moyens de se comparer se succèdent et deviennent de plus en plus absurdes. On imagine alors un final où les personnages aveuglés par leur obsession de la performance, finiront pas agir comme des bêtes sauvages. Un truc du genre qui finirait de démontrer l'absurdité de nos rapports sociaux. Mais non. Comme l'avait prévu les personnages, à la fin, il y a un gagnant qui portera une chevalière, symbole de sa domination sur la autres. Comme prévu, chacun rentrera chez lui. Le jeu se termine comme la fin d'une partie de UNO, alors qu'on imaginait plus une partie de roulette russe. En résulte un sentiment amer de film inachevé. Un petit coté "tout ça pour ça ?".
Je ne sais pas si c'est ma méconnaissance du cinéma grec qui me pousse à mettre tous les grecs dans le même sac, mais pendant tout le film j'ai pensé à Yorgos Lanthimos. Le rythme, l'utilisation de la musique, l'analyse de l'absurdité des rapports sociaux. Et même le minimalisme de l'affiche. Et pour cause, le co-scénariste de "Chevalier" n'est autre que Efthymis Filippou, le scénariste de plusieurs films de Yorgos Lanthimos, dont "The Lobster" et "Canine". Du coup, si vous avez aimé ces derniers, je ne peux que trop vous conseiller le visionnage de "Chevalier".