Voir une suite de Chicken Run plus de vingt ans après l'opus initial a de quoi rassurer... Et inquiéter tout à la fois.
Car le titre, et ses papas du studio Aardman, sont pour le moins synonyme de qualité. Et agissent comme un doudou régressif, en faisant référence à des temps plus innocents et moins troublés du monde d'avant et du cinéma des années 2000.
Mais inquiétant aussi, dans la mesure où si leurs créations originales, Les Pirates ! Bon à Rien, Mauvais en Tout et Cro-Man étaient aussi de haute volée, les gadins économiques et critiques injustes essuyés ont contraint Aardman à remettre en avant les personnages maison. Shawn le Mouton, hier, Ginger aujourd'hui. Un retour aux figures familières synonyme d'atténuation de la prise de risque dans un genre de plus en plus orphelin à l'heure de l'animation en tout numérique.
La sécurité se fait sentir dès les premières minutes de l'oeuvre, qui emprunte les chemins archi rebattus de la suite et de la nouvelle génération de héros. Mais si ce scénario d'une simplicité biblique pourra faire tiquer, les artistes de Aardman continuent pourtant à s'en donner à cœur joie en renversant la perspective du premier Chicken Run : soit l'évasion, pour cette fois-ci emporter nos gallinacés préférés dans une mission d'infiltration et de sauvetage dans un repaire de vilain aux tendances James Bond période Ken Adam.
Exit donc le motif du Steve McQueen de La Grande Evasion, et place au Tom Cruise de Mission : Impossible. Le tout dans un véritable festival de références passées à la moulinette d'un humour typiquement british qui fuse et ne cesse de ravir le spectateur netflixien.
A cela s'ajoute une mise en scène inventive qui fait que l'on ne s'ennuie jamais devant cette Menace Nuggets qui actualise son propos de 2001 en l'élargissant sur les ravages de la surconsommation et les chimères du bien-être animal vendu au consommateur éthique à peu de frais. Et même si ce nouveau Chicken Run est loin de la noirceur originelle de sa machine à tourtes, le parc d'attractions pour volatiles dépeint dans toute son artificialité souligne cependant ce mensonge industriel new look.
Péripéties, rires, gags facétieux, perfection visuelle qui en met plein les yeux et énergie revigorante sont donc au menu de ce nouveau Chicken Run, dont le seul défaut sera, finalement, l'absence d'effet de surprise tel que l'on a connu en salles en 2001. Une unique faiblesse qui ne gâchera jamais un plaisir des retrouvailles propice à constater que Aardman est loin d'avoir perdu la poule... Euh, la boule.
Behind_the_Mask, comme un coq en pâte (à modeler).