Pour un premier film c'est vraiment très bon. Dog et Mirallès s'installent et on y croit dès le début à ce petit village héraultais où l'on zone et l'on fume. Raphaël Quenard est parfaitement exploité et scintillant dans son rôle habituel de Raphaël Quenard, avec cette personnalité débordante qui ne rate jamais une occasion de se mettre en scène. Il a à peine à forcer le trait pour se peindre sous les traits d'un gars complexé, indécis, blessé ; dans l'amour et la générosité mais qui n'hésite pas à rabaisser les autres pour mieux marquer sa singularité. Anthony Bajon, déjà très touchant dans Un Autre Monde, l'est encore ici en ado taiseux et complexé. L'arrivée d'Elsa et ses conséquences provoquent des émotions fortes dans cette relation et chez le spectateur (chez moi en tous cas), de la tendresse à la colère en passant par une grande gêne avec des scènes d'une tension forte et parfaitement rendue.
La langue est parfaite, pas facile pour un film français de ne pas sombrer dans la caricature des jeunes, de sonner juste et d'écrire bien en parlant mal. Côté musique, le piano de la voisine est génial, la BO violoncellisée un peu moins.
Quelques dommages enfin : le personnage d'Elsa, moins creusé que les autres, la tension un peu manufacturée jusqu'au meurtre du chien, un peu facile. Et surtout très déçu par l'épilogue qui ne perd pas de temps et épile d'un coup sec sans nous laisser voir comment leur relation change, comment ça les fait grandir. Bon, tant pis. On choisira de se concentrer sur la giga-banane que l'on garde pendant toute la première partie du film, souvent nappée de tendresse en crème pour ces 2 garçons plus que frères.