Chien de la casse : Un film sans prétention, qui prétend raconter le quotidien quasi léthargique, d'une façon naturaliste de jeunes habitants d'un village de province. C'est comme s'il avait tenté de donner un portrait à cette jeunesse sans culture, sans forcément d'ambition, peut-être parce qu'on ne lui en a pas laissé. Il le fait surtout, par le biais de ces deux amis, qui tantôt s'aiment, tantôt se détestent, mais toujours, vivent ensemble, dans une gêne, un malaise qu'on a tous déjà connu lorsqu'on côtoie par habitude et non par volonté certains amis. La simplicité d'une amitié et le paradoxe d'une amourette ratée, qui dépend de caractères ambivalents, sont les lignes directrices de ce long-métrage de Jean-Baptiste Durand. Mirales semble être l'illusion ratée d'un personnage de roman initiatique des Lumières : victime d'un système qui le contraint (la ruralité et son ennui), sa culture et sa curiosité (lecteur assidu de Montaigne, de poésie, son attachement au Piano) ne le permet pas de sortir de sa condition et il finira cuisinier dans un bistrot de son village, à l'envers de ses ambitions.
Si Chien de la casse ne brille pas particulièrement par sa mise en scène originale, les ruelles étroites à la manière d'un huit clos, le motif du chien aussi attaché à son maître solitaire, le caractère forcené et de l'autre côté imbécile heureux ou encore le ton presque abrutissant de ces dialogues, donne beaucoup à la sincérité du film. De nombreux signes permettent d'évaluer la psychologie des archétypes : la mère seule, qui peint en attendant tout de son fils, comme échouée sur son rocher en écho avec sa progéniture violente qui s'incarne en écrasant les autres, ambitieux mais naïf, écrasant ainsi son ami, vide d'intérêt pour le monde qui fréquente plus sa console que sa copine, elle-même qui ne semble pas trop savoir ce qu'elle fait là. La léthargie domine. En résumé, Chien de la casse s'inscrit sans problèmes au Panthéon des pas trop mauvaises décisions cinématographiques françaises de l'année 2023. Bravo Durand.