Inspirée des lettres d'amour de Laetitia Masson.
La première fois que je vous ai vu, ce n'était pas dans un film comme la plupart des acteurs, mais lors de la remise de votre César. Et ce qui m'a tout de suite saisi chez vous, c'est votre vitalité, votre panache, cette façon assurée de revendiquer votre différence.
Cette assurance, on ne la rencontre habituellement que chez les fous, les marginaux, les écorchés. Mais je suis sûre que vous comprenez qu'il n'y a aucun malentendu, aucun reproche, lorsque je fais référence à votre folie. Au contraire. Avec vous, l'idée que la frontière entre le génie et le fou disparaisse, prend tout son sens.
Dans votre visage, ce qu'on retient, c'est votre bouche. Il y aurait de quoi se perdre dans ses expressions, tant elle semble imprimer la moindre de vos émotions. Et puis, il y a votre sourire asymétrique, désarmant, comme seul peut l'être le sourire d'un être innocent. Généreux, plein, vous souriez avec toute votre personne. Votre regard, également. Déroutant par ses changements soudains : un instant enveloppant, puis terriblement perçant, sévère.
À vous voir dans un film, on se demande si vous jouez un rôle, ou simplement avec vous même. Ce qui émane de vous, c'est une profonde sincérité. Vous embarquez les caractéristiques de vos personnages, sans vous départir de ce que vous êtes. Votre fameux accent pour preuve. Cette façon si singulière de détacher chaque mot, de le penser. Et c'est ça, la magie qu'on perçoit à l'écran : c'est vous, qui jouez comme jouent les enfants, sans s'oublier totalement dans la schizophrénie que requiert parfois le métier d'acteur.
Avec vous, on re-découvre l'interprétation, et le cinéma, rien que ça.