Nora-inu est réalisé en 1949 soit la même année que Le Duel Silencieux. Je vais m'arrêter deux secondes pour dire à quel point je suis assez stupéfait qu'on puisse réaliser deux films de cette qualité en une seule. Deux styles totalement différents, Kurosawa passant du drame au polar noir avec une aisance déconcertante.


L’inspecteur Murakami (Toshirō Mifune) arrive au commissariat paniqué après s'être fait volé son arme de service, un colt suite à un moment d’inattention. Très perturbé par ce que son voleur pourrait en faire, notre inspecteur fait tout son possible pour remonter la piste. Quitte à suivre jour et nuit une jeune femme qui pourrait détenir une information capitale. Malheureusement le drame arrive, il apprend que quelqu'un a été blessé par balle, et que l'arme utilisée était un colt. Prêt à rendre sa démission, son chef refuse et préfére lui confier l'affaire, bientôt rejoint par le Commissaire Sato (Takashi Shimura). Une course contre la montre s'engage, il reste encore 6 balle dans le colt et notre homme semble acculé et imprévisible...

Que dire les amis, que quand Kurosawa s'attaque au polar noir, un genre pas du tout représentatif de l'époque au Japon. Il nous offre une enquête immersive d'une structuration remarquable, emballée dans une photographie superbe présentant un Tokyo dévasté par la guerre, c'est le cas. Qu'il nous entraine dans une ambiance pesante à l'atmosphère étouffante et suffocante, représentée ici par la chaleur palpable qui sied à merveille au récit, c'est vrai aussi. Et qu'en plus de proposer en toile de fond une investigation maitrisée, il se permet d'y intégrer des éléments alambiqués. Utilisant l'empathie de son héros parfait antagoniste de l'homme recherché pour poser des questions lourdes de sens, et bien oui on y a droit également.

En imposant son style, tout en s'inspirant du néoréalisme italien et du film noir américain. Kuro en tire le meilleur et nous propose une histoire oppressante, irrespirable baignant dans une ambiance paranoïaque délectable. Se payant même le luxe de produire un final magistral qui vous scotchera à l'écran durant ses 20 dernières minutes, Chien Enragé est un indispensable dans la filmographie du Maître à découvrir de toute urgence.

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