Don Mancini pourra toujours prétexter que Chucky est à lui, mais le fait-est qu’une œuvre n’appartient jamais réellement à son auteur mais bien à tous les acteurs qui l’ont produit, diffuser et même découvert dans les meilleures dispositions ou bien sur un écran de smartphone en très mauvaise résolution. Seule la réception du public permet à un long-métrage d’exister dans la culture populaire. Sans vouloir minimiser le travail et le génie, la part inventive de l’artiste est moins importante que ce que l’on pourrait tenter de faire croire, déjà parce que tout à déjà été fait en plus d’un siècle de cinéma, et que la création n’émane jamais d’un seul individu mais bien d’une somme d’influences éparses, de genre, et souvent même d’un contexte ou milieu social correspondant à une époque donnée. Personne ne peut créer à partir de rien. Dès lors, la levée de bouclier concernant le reboot d’une saga peut tout à fait se comprendre vis à vis des sentiments d’un public attaché à ses souvenirs mais elle n’est pas légitime pour autant surtout si la loi le permet comme avec cette nouvelle itération de la poupée meurtrière d’autant plus que celle-ci à l’intelligence de s’éloigner des origines vaudou de son prédécesseur pour traiter des dangers du tout connecté.


Une multinationale du genre Sony, lance un nouveau produit révolutionnaire sur le marché alimentant l’hystérie des consommateurs qui veulent absolument tous s’en procurer un exemplaire. Il ne s’agit pas de la dernière Playstation mais bien de la poupée Buddi, un jouet à la pointe de la technologie, doté d’une caméra implanté et de capteurs derniers cri, et capable de se connecter à tous les appareils grâce au wifi. Mais faut-il encore pouvoir se l’offrir surtout à l’heure où une prolétaire comme Karen doit tartiner des heures supplémentaires pour pouvoir élever son fils malentendant. Heureusement, suite à un retour d’un client mécontent, cette dernière va pouvoir récupérer un modèle reconditionné sans même se douter que la poupée connectée s’avère défectueuse en raison d’une malfaçon intentionnelle provoqué par un employé payé au lance-pierre qui aura pris soin de désactiver le verrou de sécurité avant de se suicider suite à son renvoi de l’usine qui l’employait.


Mal aimé de la cour de récré, Andy reçoit Buddi comme cadeau d’anniversaire et devient instantanément son meilleur ami (un peu comme Woody dans Toy Story). Seulement le jouet une fois activée, n’est pas en mesure de comprendre la complexité des comportements humains et se dote peu à peu d’un libre arbitre au point d’outrepasser ses fonctions pour le meilleur mais aussi pour le pire, car rapidement le dénommé « Chucky » développe un comportement hostile s’il perçoit un danger susceptible de causer du tort à son maître. Et comme Andy et ses nouveaux compagnons ont la brillante idée de le pervertir en bravant les interdits ou bien en s’esclaffant comme des attardés devant des films d’horreur bien sanguinolents, la poupée va faire l’amalgame entre la violence de ces séquences et le rire de ses amis. Tuer des gens devient donc admis. Et forcément, après de nombreux incidents, Chucky va se retrouver jeter aux déchets avant de revenir se venger.


Plutôt que de copier bêtement son modèle de référence, Lars Klevberg s’en éloigne sciemment tout en conservant l’essence de ce qui a fait sa réputation afin de combler l’appétit vorace des spectateurs par un florilège de scènes gore. Mieux que cela, le film est animé par un esprit satirique envers la société de consommation tout en flirtant allègrement sur la nouvelle vague rétro des années 80 afin de titiller les fans de la première heure grâce à un groupe de teenagers (comme dans les productions Amblin) ainsi que par l’emploi d’une photographie du même acabit à grand renfort de néons. Child’s Play s’inscrit dans la réalité contemporaine en interrogeant les problématiques de notre temps, celle de notre dépendance à la technologie et de ses débordements suite à l’utilisation abusive que nous en faisons et se paye même le luxe de nous adresser un taquet en remontant l’origine du mal sur une chaîne de production où les petites mains corvéables à merci deviennent les esclaves de nos lubies. Alors, meilleur que l’original ? Et bien, il n’est pas interdit de le penser même si celui-ci ne recevra jamais le même engouement que son aîné surtout à l’heure où les studios semblent désormais se contenter de livrer des remake modernisés de leurs précédents succès.


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Le-Roy-du-Bis
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le 4 mai 2023

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