Le film est riche d’idées mais il traite trop de choses à la fois, d’où sa longueur de 1h58. Le vrai sujet concerne les rapports entre Lucia, née en Espagne, bilingue et fille de 2 commerçants émigrés chinois (depuis 20 ans en Espagne), et Xiang, née en Chine, ne parlant pas chinois et adoptée (car abandonnée par sa mère) par un couple d’Espagnols, Sol (qui veut trop bien faire) et Julián, et qui se trouvent, à 9 ans, dans la même classe primaire que Susana, Espagnole et amie de longue date de Lucia. Le personnage de Claudia (17 ans), sœur de Lucia, d’abord élevée par sa grand-mère en Chine avant de retrouver, malgré elle, ses parents à Madrid à 6 ans, est moins important car ses problèmes sont surtout ceux des adolescentes de son âge, accros des réseaux sociaux et voulant plaire aux adolescents, malgré leur vulgarité et leur machisme. Idem pour le rôle de l’infirmière Amaya (Carolina Yuste) qui n’apporte pas grand-chose. Le film montre bien le racisme vis-à-vis des Chinois, surtout des commerçants (cf. la scène cruelle des adolescentes espagnoles dans le magasin chinois) ainsi que leur aliénation (ne pensant qu’au travail, maitrisant mal la langue espagnole, souhaitant retourner en Chine à la retraite, comptant sur leurs filles pour les aider, les éduquant sévèrement et strictement en matière de résultats scolaires, souhaitant le mariage entre Chinois), remarquablement décrite dans une scène de dîner où Claudia exprime tout son ressentiment. La réalisatrice n’a pas pu s’empêcher d’avoir recours aux clichés en matière de cuisine chinoise (scène où Susana est invitée à dîner chez les parents de Lucia, écœurée par la nourriture, notamment les pattes de poulets frites).