Chinese Zodiac par cherycok
Lorsque il annonce en 2007 vouloir clore d’un 3ème volet la série des Armour of God, à savoir Mr Dynamite (1986) et Operation Condor (1991) chez nous, Jackie Chan a fait un sacré paquet d’heureux chez les amateurs de cinéma asiatique qui voyaient déjà un monstrueux film d’aventures, sans doute le dernier gros film d’un Jackie Chan vieillissant mais tout de même encore en forme. Et ce dernier a vu effectivement tout en grand, peut-être trop grand, parce qu’à trop vouloir jouer dans la surenchère et vouloir en mettre plein les yeux aux spectateurs, il arrive un moment où trop c’est trop et où par conséquent ça devient tout de suite un peu moins intéressant, surtout lorsqu’au final, les bonnes scènes d’action ne sont pas si nombreuses que ça…
Coproduction entre Hong-Kong et la Chine, Jackie Chan a bénéficié d’un budget très confortable, à savoir tout de même la modique somme de 49M$ US, et cela se sent ne serait-ce que pour les nombreux lieux de tournage. Lettonie, Australie, Vanuatu, Taiwan, mais également la France sur les quais de la Seine, au Trocadéro ou encore aux châteaux de Chantilly et de Courances. On sent tout de suite que comme dans les deux autres films de la série, Jackie Chan a voulu dépayser le spectateur et vraiment donner ce côté aventures en intégrant même dans le scénario une histoire de bateau contenant un trésor qui aurait coulé au large d’une île, bref, tout ce qu’il faut pour faire voyager ceux qui se lanceront dans le film.
Puisqu’on parle des deux premiers films, on est agréablement surpris de voir que Jackie Chan a pensé à injecter dans son nouveau film bon nombre de référence aux deux autres, à commencer par ces chewing-gum que Jackie fait rebondir un peu partout avant de les envoyer dans sa bouche ; on retrouve tout comme dans Operation Condor un duo de jeunes femmes dont une européenne plutôt gaffeuse qui va d’ailleurs reproduire le gag de la mitrailleuse lourde ; ou encore les fameuses courses poursuites où Jackie a à ses trousses à la fois des motos et des jeeps, avec comme à son habitude un peu de pub pour Mitsubishi.
Cette scène d’introduction où Jackie Chan est donc poursuivi et où il est équipé de la fameuse « skate suit » créée par le français Jean-Yves Blondeau et qu’on aperçoit dans toutes les bandes annonces de Chinese Zodiac a demandé à elle seule un mois de tournage et pas moins de 10M$ de budget, le temps que Jackie Chan apprenne à se servir de cette tenue particulière car une fois de plus, le bonhomme a tenu à faire un maximum de scène lui même, dont celle là.
Sauf que au final, passées les quelques secondes où on découvre Jackie Chan dans cette tenue et les possibilités qu’elle permet, cette longue scène est loin d’être vraiment passionnante. Bien entendu, elle se laisse regarder car Jackie y met comme à son habitude une touche d’humour bien à lui mais elle sonne faux et on a vraiment du mal à y croire. C’est un peu le même problème avec la deuxième partie de la scène finale qui se passe entièrement dans les airs. A trop vouloir impressionner avec ce « combat » en chute libre, il se rate complètement à tel point qu’on y croit pas une seconde, que ça en devient presque ridicule et on ressent vraiment à ce moment cette impression de « trop c’est trop » dont je parle plus haut.
Le problème, c’est que c’est également le cas avec d’autres scènes vraiment too much (le tronc d’arbre qui sert de luge multiplace) et comme au final, l’action n’est pas si présente que ça, ou alors de manière détournée, on regarde le film vraiment avec une impression mitigée dont il n’arrive pas à se séparer.
Heureusement, quelques scènes d’action sont nettement au dessus et sauvent clairement le film, à commencer par un passage dans la jungle plutôt comique, dans lequel on retrouve le toujours excellent Ken Lo (Drunken Master 2), mais surtout la longue première partie de la baston finale qui se découpe en plusieurs combats. Jackie nous prouve que malgré ses 50 ans, il reste encore très leste et capable d’enchainer les pirouettes dont il a le secret et étrangement, elle se passe dans un lieu qui rappelle celui d’Armour of God 2, avec ces grosses cuves sur lesquelles ils se battent. Clin d’oeil sans doute, mais en tout cas, on est content que Jackie Chan n’ait pas expédié ça en 2 temps 3 mouvements et qu’il ait voulu faire plaisir à son public. Les combats et cascades s’enchainent, on a même droit à un « battle babes » vraiment bien foutu, c’est blindé d’humour, tout comme d’ailleurs le reste du film, sauf que les gags ne sont pas toujours très heureux, parfois même tout simplement nuls.
Autant il y a des gags qui marchent toujours chez Jackie Chan (les grimaces, ici sur des photos), autant on tombe souvent dans l’humour un peu cul-cul, voir limite dans le trop enfantin comme par exemple ces visages complètements difformes suite à des piqures de guêpes tropicales. On esquisse tout de même des petits sourires, mais quand on repense à des films tels que Le Marin des Mers de Chine ou Dragons Forever, on est en droit de penser que Jackie était bien plus fun avant (et nous bien plus jeunes…). Comme il arrive à Chinese Zodiac d’être un peu trop bavard, du coup certaines scènes censées être comiques par leurs dialogues ratent complètement le coche.
Jackie Chan risque d’en décevoir plus d’un car il est clair que Chinese Zodiac est bien en dessous de nos espérances. Que tous les fans se rassurent, le film reste tout de même plaisant à regarder et on passe au final un agréable moment, mais après plus de 20 ans d’attente du 3ème opus de cette série mythique (n’ayant pas peur des mots) et avec le gros budget que Jackie avait dans les pognes, on se dit qu’on aurait pu avoir droit à quelque chose de grand, de très grand. Ca ne sera finalement pas le cas, dommage.
- A noter qu’on finit le film tout de même sur une note positive avec le traditionnel bêtisier de fin.
- A noter également des cameos complètement inutiles de Daniel Wu et Shu Qi.