Chocolat nous propose une expérience cinématographique riche en sens et en maîtrise. Le film fait son boulot sans jamais transcender sa condition de biopic.
Il choisit une narration linéaire classique jalonné d'ellipse salutaire au rythme du film avec quelques effets de mise en scène sympathique comme la carrière triomphale de Chocolat s’évaporant en une série d'images juxtaposés les unes sur les autres dans le but de concentrer le bonheur et la réussite à un moment éphémère et court.
Le film fait l'éloge de la capacité à utiliser ses compétences et non celle des autres. L'histoire de chocolat nous apprends que seul, on ne peut persévérer dans un monde qui ne veut pas de nous et que la réussite ne s'obtient que par le talent et l'éthique combinés, sans quoi le relationnel doit intervenir pour s'élever en société.
Il dénonce le manque de reconnaissance par le désir dévorant de se s'affirmer, et la morale dramatisant le tout nous confirme que les rencontres servent aussi bien les intérêts que les embrouilles.
En fait Chocolat c'est une histoire "d'amour raté". Le personnage ne prend pas conscience que des gens l'aimes et que cela suffit pour contribuer au bonheur car cela ne fait pas le sien. En cherchant la reconnaissance de tous, il se perd car il possède déjà l'amour dont il a besoin, et sa vision de grandeur est très (trop?) gourmande.
Chocolat c'est aussi une palette de jeu d'acteurs variés et de très bonne qualité mêlé à une ambiance réussit grâce à ses costumes de qualités ses décors de haute volée, et certains de ses plans audacieux : à de nombreuses reprises, la caméra n'hésite pas à filmer des édifices de la capitale Française sans que nous puissions trouver une quelconque défaut anachronique venant gâcher le tout. Une belle utilisation de plans larges également mettant en scène des décors eux aussi d'époques et sur une très grande distances (paysage de campagne regroupant un village d'époque lui aussi dénué de faux raccords anachroniques), numérique ou non cette audace paye par sa qualité car ça marche.
Seulement le film, bien que traitant avec justesse l'histoire du Clown noir, manque d'expliciter ses propos sur la lutte sociale des droits des noirs. Evidemment, le fait que chocolat évolue dans une société de blanc à une époque peu propice pour lui ne veut pas dire qu'il se lancera forcément dans une lutte, mais trop d'éléments sont lancés sans être utilisé dans ce sens, tous servant principalement à définir les traits les plus intimes de chocolat.
Bref une histoire sur un personnage mythique et révolutionnaire, que j'ai été heureux de découvrir.