1ère vision, un peu fatigué:

Des ellipses et flashbacks intéressants. Un sens assez assez efficace de la narration mais un style de montage parfois trop languissant à mon goût (même le fils, sur le point de prendre une balle, toise sidéré, le flic pendant 5 secondes !...largement le temps de refermer 15 fois la porte et de finir ses nouilles !)...


Partiellement revu le lendemain:

Solitude d'un homme sur le retour après une longue absence, qui réalise tout l'amour qu'il aurait su apporter à son fils, si les circonstances de sa vie ne l'en avaient écarté, accaparé probablement par les soudaines opportunités émergeant durant la révolution économique. Le poncif de la figure paternelle qu'on peut définir comme objet dont dépend l'unité familiale et l'harmonie psychique de l'enfant, d'autant plus essentielle dans un monde qui change (superlativement dans la Chine des années '90 et 2000), est ici intelligemment nuancé. Les bienfaits de la figure paternelle ne sont pas présentés dans le film comme dépendants d'une présence ou absence physique du père auprès de l'enfant. L'exemple de l'ami de Lin Quanhai (père de Hao), pourtant fidèle au foyer et respectueux des traditions, n'échappe pas au rejet du fils qui le déteste. Sa rigidité quant aux principes de respect inconditionnel dû aux ainés est un détail aussi. En réalité Le problème se situe du point de vue de l'écoute et de l'attention témoignée à l'enfant. Lin l'a finalement compris au cours de son introspection. Il se rend dans la boite de nuit où travaille Hao comme danseur et le suit par la suite accompagné de ses amis jusqu'au glacier du quartier, de la même manière qu'il aurait dû s'y prendre avec son fils disparu (Hao lui demande "Pourquoi tu nous suis ? Lin répond "Je voulais juste vous voir", en baissant son regard).


La narration situe bien le problème au niveau de l'absence de communication. C'est ce que se reprochera profondément Hao vers la fin, révélant qu'il n'a pas entendu l'appel de détresse de son ami Lin Bo en plein drame dans le supermarché, tout comme sa petite amie Xiaowen qui au téléphone raccroche en croyant à une supercherie (alors qu'il lui dit qu'il vient de tuer une femme).


La séquence avec le policier est finement écrite, peut passer inaperçue mais se révèle très significative. Ils se présentent...Lin lui dit "Je vous est vu, en photo, au tableau d'honneur du commissariat"...le flic: "Pourquoi vouloir me voir ?", réponse: "Je ne sais pas...c'est peut-être l'instinct paternel" (instinct paternel renaissant qui attend du meurtrier qu'il reprenne sa part de culpabilité)...le flic: "Moi, je suis venu vous dire que je faisais mon devoir". (Joli sarcasme !)

Cette rencontre réunie finalement deux autorités supérieures qui chacune à leur façon a entrainé la mort de Lin Bo. L'un physiquement, l'autre intellectuellement ou manque d'affection. Deux criminels qui reprennent leur échange en se rattrapant par le bras, esquissant comme le motifs de deux serpents complices !


Toute la fin est magnifique avec par ailleurs un sens du montage qui ne démérite pas. En particulier, cette révélation d'amour filial qu'avoue en larmes Hao sur le banc de l'hôpital (alors que son père à la vie sauve) et qui s'adresse tout autant à son propre père qu'à Lin Quanhai en face de lui, tant on peut considérer Hao comme l'ange gardien de son fils, et donc ici symboliquement son double. Ange-gardien imparfait devrait-on préciser, puisqu'il qu'il a faillit à son rôle ("Quand il a le plus eu besoin de moi (pendant la prise d'otage), je n'étais pas là", dit-il). Mais justement, c'est par cette faute qui les situe en connivence, que l'on peut entendre Hao comme inspiré par l'âme du fils Lin Bo. En même temps on peut lire cette scène moins comme un signe d'absolution (lecture trop judéo-chrétienne qui n'a pas sa place là-bas), que comme la transmutation triomphante d'un désert affectif en sentiment révélé. Le vide nourrit le plein.


Le travelling arrière du télécabine qui sonne comme un adieu véritable, incarné, au fils (bien que ce soit Hao que nous quittons des yeux), répond au travelling avant qui suit, caméra épaule, où la main aimante de Lin Quanhai termine sa course, par une caresse, sur la petite tête du garçon de 7 ans. Excellente idée de n'avoir jamais inclu aucune scène dialoguée avec la mère de ce dernier (hormis celle brève et sèche du début, au téléphone).


Rq: Un bémol concernant la curieuse scène sur la plage où apparait le gamin avec sa mitrailleuse, et qui n'est autre que le demi-frère de Lin Bo (à prendre probablement métaphoriquement...?!). Sinon, bizarrerie du scénario quand les 3 amis sont réunis dans l'immeuble en construction, épisode en réalité narré par Xiaowen au père, où celle-ci pense révéler à ce dernier que l'enfant de la plage n'était autre que son fils !!!? Alors là, mystère ! Comment se peut-il qu'elle considère qu'il puisse l'ignorer ? Un truc m'a échappé !


Très beau film !



Flip_per
7
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Créée

le 25 juil. 2023

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Flip_per

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francois59
7

mais oui les chinois sont des humains

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