D'aussi loin que je me souvienne, ma découverte de Brisseau ne s'est pas bien passée. C'est loin. Il a fallu quelques années à IMDB pour intégrer le fait qu'un plan furtif d'un figurant en train de se faire sucer ne suffit pas à considérer un film comme pornographique.

Loin de moi l'idée d'aller pointer un aspect un brin complaisant de la thématique de Brisseau sur ce film, aspect allant amener le cinéaste jusque devant les tribunaux à l'occasion du tournage suivant de "Les anges exterminateurs", afin de rabaisser le film à un projet amoral du cinéaste. Je ne connais pas assez ce monsieur, ni les tenants et aboutissants de l'affaire pour formuler un jugement personnel. De plus je n'ai ni envie ni ambition à me vêtir de ces oripeaux moralisateurs dont se pare volontiers la vox populi dès qu'il est question de considérer les affaires liant bistouquette, foufoune et art. D'autre part, je crains d'être trop libertaire -excusez l'incohérence, je me réveille à peine- pour étayer une critique qui se veut essentiellement cinématographique et non moraliste. En général je réserve ce type d'attention aux films qui m'ont désagréablement choqué.

Or, celui-ci m'a choqué, certes, mais par la faiblesse technique de ses comédiens, la maigreur de son scénario et la fadeur de sa mise en scène.
Faut-il ajouter la laideur de sa photographie? On dirait de la caméra numérique des premiers temps, inconsistante, au velouté crasseux. J'aime le grain, les constrastes affirmés, la netteté de la pellicule. Ici, point de cela. L'image est dégueulasse, techniquement mais sans doute aussi à cause d'un éclairage téléfilmesque qui donne l'affreuse sensation de regarder une série télé française, travaillée à la va-vite avec des effets simplistes sur les lumières, où les lueurs de bougie empestent le factice, images mille fois vues par ailleurs, sans réelle texture.

Que dire des comédiennes, les pauvres, toutes fraiches émoulues, sorties tout droit d'un quelconque cours Florent, dont la beauté plastique n'est pas à nier mais qui respirent l'ennui, le malaise.
Je ne sais si c'est le scénario qui donne cette impression, mais le film sent le sexe triste et la mélancolie se lit dans le visage et la gestuelle des actrices. Pathétique. Même Roger Miremont -que j'ai connu "Mirmont" un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître alors qu'il jouait Gaston Lagaffe dans un film non éponyme, renié par Franquin, même cet acteur d'habitude au physique jovial et ouvert parait effacé, mort vivant.

C'est un film triste et lisse. Quel exploit pour un film qui se veut érotique! Aucune subversion à l'horizon. Mais vous me rétorquerez avec raison que notre société pourrait envisager la sexualité autrement que subversive! Justement! J'ai la nette impression que Brisseau se trompe d'époque. Ce film aurait bien pu être marquant et significatif dans les années 60-70, mais depuis, la société a évolué et il n'a plus rien à dire. Fade et lisse. Inintéressant. Le sujet du film est convenu, sans aspérité sur laquelle s'agripper. Je n'en vois pas personnellement. Après avoir vu les images de ce film, je me souviens m'être demandé "et après?".

Beaucoup de bruit pour rien quand Brisseau confond "intimes" et "secrètes".
Alligator
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le 23 févr. 2013

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Alligator

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