Ah le cinéma social, ardemment utilisé, entretenu et cultivé par le cinéma français d'année en année. Une demi-douzaine de films, j'ai visionné depuis le début de l'année, mais avec des thématiques concernant toujours ces quelques bourgeois soucieux de ne pas faire un bon repas de famille ou un de ces mariages traditionnels à mourir d'ennui. Jusque là, ceux qui ont pu sortir du lot, après tous ces visionnages, ce sont Polisse (2011) et Prophète (2009). C'est peut-être plus une question d'affinité et de sensibilité envers ces phénomènes socio-culturels et ces communautés vulnérables.
La vulnérabilité. Oui c'est ce sur quoi s'appuie ce nouveau film, cette fois-ci réalisé par Karim Dridi. La vulnérabilité de ces groupes sociaux, qualifiés souvent de parasites de la société. Le film donne du recul (un peu plus du moins) et permet d'apporter un angle de vue différent pour prendre conscience que c'est plutôt le contexte socio-culturel, le quartier, le ghetto qui est le véritable monstre. Le tié-quar, un bestiaire bâti avalant un à un ces minorités ayant eu le malheur de naître à l'intérieur du ventre de la bête. Sofiane, le protagoniste en est la parfaite illustration, étant donné qu'on nous montre bien qu'il a essayé de sortir de cette prison à ciel ouvert qu'est la cité.
Quand s'ajoute alors cette volonté d'intégrer des personnes issues de zones sensibles plutôt que de stars du grand écran, le résultat est beaucoup plus plaisant, car il est possible de retrouver une spontanéité et un naturel inégalés. Et sur ça, je pense que les acteurs n'ont pas eu besoin d'être formés.
Simple et poignant, sans non plus atteindre la complexité narrative de la Cité de Dieu (2002) qui n'hésitaient pas à dresser la biographie quasi-complète de plusieurs protagonistes. Mais là ça fonctionne tout de même. Petite chose à reprocher : le dénouement est facilement anticipable, mais en même temps, le film montre finalement que le destin de ces groupes sociaux est justement hautement prévisible. C'est bien ça le pire. Qui plus est, cette fatalité est lisible dans le regard des familles (le père et la mère précisément) qui finalement sont les plus touchées par ce phénomène de société souvent mal interprété.
C'est vrai, franchement... CHOUF !