New York,début des années 90.C'est bientôt Noël et un jeune couple de latinos à qui tout réussit s'affaire à préparer les fêtes.Mais voilà que le mari est kidnappé par de mystérieux ravisseurs réclamant une forte rançon,et son épouse doit se démener pour réunir la somme.Il se trouve que ces gens bien sous tout rapport gagnent leur vie en dealant de la coke,ce qui les a enrichis mais les amène à avoir de dangereuses fréquentations.Ah,Abel Ferrara,on l'a tant aimé autrefois.Hélas,le réalisateur inspiré de "L'ange de la vengeance","New York ,2 heures du matin" ou "King of New York" s'est éteint au fil du temps.D'ailleurs,ça remonte à quand,son dernier bon film?Sans doute "Nos funérailles" en 96,ce qui commence à faire loin.Donc,en cette année 2001,Abel est déjà bien essoré,à tout point de vue.Il a 50 ans et parait être le sosie de Julien Clerc,le Juju de 2019 mais avec trente ans de plus.Etonnant qu'il soit encore en état de tourner aujourd'hui,étonnant même qu'il soit toujours vivant.Artistiquement,c'est pas brillant non plus,et "Christmas" est d'une insignifiance remarquable,le genre de film qu'il semble avoir tourné parce qu'il n'avait rien de mieux à faire et qu'il faut bien gagner sa croûte.Ferrara a écrit le scénario d'après une idée d'une certaine Cassandra Jesus qui aurait dû éviter d'avoir des idées,vu le résultat.Il a encore quelques fidèles autour de lui,comme le chef-op Ken Kelsch ou son acteur fétiche Victor Argo,qui hérite d'un rôle très secondaire sans un mot de dialogue.Mais dans l'ensemble on a fait appel à de nouveaux collaborateurs,dont les deux acteurs principaux Drea de Matteo,révélée par la série "Les Soprano",et Lillo Brancato,l'ado du "Il était une fois le Bronx" de De Niro,des comédiens qu'on croyait à l'époque partis pour une belle carrière,ce qui ne s'est nullement confirmé par la suite.Ferrara étale au maximum et sans grande conviction des scènes vides de sens et d'action,le film s'apparentant souvent à une sorte de documentaire sur la communauté hispano et le trafic de drogue.Il semble du reste prendre plaisir à stigmatiser d'autres ethnies,car il s'est souvent déclaré agacé par le rapprochement permanent effectué entre les italo-américains,dont il fait partie,et la criminalité.Mais tout ça n'a guère d'intérêt,il ne se passe pas grand-chose,c'est lent,creux,mal dialogué,les personnages sont des ectoplasmes antipathiques qui ne nous touchent jamais,et le récit est si confusément mené qu'on ne comprend pas la moitié des modalités du trafic et des relations entre gangsters.On discerne péniblement une vague critique de cette génération de "jeunes entrepreneurs" d'alors,prêts à tout pour amasser vite de l'argent facile.Abel en profite pour égratigner au passage la corruption policière via le petit twist final,mais ça ne va pas très loin.Le cinéaste suggère en outre que la criminalité a quasiment disparu avec l'arrivée au poste de maire de Giuliani,ce qui est franchement excessif.Solidarité entre italiens probablement.On ne peut même pas dire qu'il mette en valeur sa bonne ville de New York,car les plans généralement serrés et les peu nombreux déplacements des protagonistes,ainsi que les nombreuses séquences en intérieur,ne laissent que peu à voir de Big Apple.Seules consolations,la réalisation solide de Ferrara,qui trouve sans cesse des angles originaux qui bonifient les plans,la photo crue de Kelsch qui met en évidence la laideur,la tristesse et la crasse de cette ville de merde qu'est New York,et l'interprétation juste et énergique de la magnifique Drea de Matteo,qui parvient sporadiquement à faire exister son personnage si faiblement écrit.Par contre,Brancato a tellement l'air d'un abruti qu'on ne croit pas une seconde qu'il puisse être un petit génie du crime.Jessy Terrero,futur réalisateur de polars Z,fait partie des responsables de recrutement du casting.