Fêtons joyeusement Noël au mois de Juin avec Christmas Evil une petit perle rare de Lewis Jackson sur l'esprit si particulier de noël. Si le film ne paye pas de mine au premier abord il se révèle pourtant être une bien belle surprise.
Christmas Evil raconte donc l'histoire d'un gamin qui le soir de noël surprend sa mère en train de batifoler au pied du sapin avec un père noël lui caressant les cuisses avant qu'elle ne s'attaque à ses boules. Passablement traumatisé le gosse devenu adulte ne rêve que d'une seule et unique chose, retrouver l'esprit de noël que l'on a volé dans son enfance. Pour cela il entreprends de jouer à Santa Claus en distribuant des cadeaux aux bons enfants et des punitions un peu plus radicales aux méchants.
Le film de Lewis Jackson est un étrange mélange de comédie, de fantastique, d'horreur et de drame porté par la présence assez formidable de son acteur principal Brandon Maggart, tour à tour effrayant, pathétique, cafardeux et émouvant dans son envie obsessionnelle de redonner au monde sa part de magie et d'innocence. Car sous ses dehors de comédie noire Christmas Evil porte un regard très contemporain et acerbe sur une fête ayant passablement diluée sa dimension fantastique et merveilleuse derrière le cynisme des adultes, les caprices des enfants et la logique froide et commerciale d'industrielles profitant de l'occasion pour se remplir les poches sous des façades de bonne conscience. On pouvait s'attendre à un banal film d'horreur utilisant l'image du père noël pour un énième slasher et l'on se retrouve dans une sorte de conte fantastique dans l'esprit de La quatrième dimension avec son lot de moments inquiétants et merveilleux.
Le film passe constamment d'un registre à l'autre avec pourtant une constante cohérence. On s'amuse donc beaucoup comme lorsque une série de père noël miteux se retrouvent sur une ligne de suspects à déclamer « Merry christmas » pour être reconnus par des témoins ou lorsque des gamins confient leurs rêves de pouvoirs magiques et que l'un deux déclare qu'il aimerait être abonné à Playboy. On est également inquiet lorsque la musique anxiogène laisse transpirer des troubles mentaux du personnage capable de tuer pour préserver son idéal de noël. Mais c'est dans l'émotion et la personnalité trouble de son "héros" que le film trouve toute sa dimension comme lorsque le personnage est invité à l'improviste lors d'une fête et célébré comme étant le véritable père noël par des adultes qui jouent suffisamment le jeu pour que la magie opère encore.
Le film se termine alors sur une allégorie fantastique assez osée et très émouvante plaçant définitivement Christmas Evil dans la catégorie des grands petits films et des odes déviantes à l'enfance et au besoin de croire et de toujours s'émerveiller.