Il défait la chronologie et nous transporte des scènes de l’Olympia à Versailles, des coulisses à l’appartement home-studio de Christophe où se mêlent ses passions, ses fétiches, ses trésors accumulés au fil du temps et où naissent ses chansons…

J'ai découvert Christophe assez tard. Je pensais que c'était un chanteur pour minettes qui n'avait pas été plus loin que pleurer Aline ou construire Des marionnettes (deux chansons admirables d'ailleurs). Et puis il m'est apparu, ici et ensuite je ne l'ai plus quitté. Il est un des chanteurs que j'ai vu le plus sur scène. J'en parlais ici, et ici, et là encore là.

Ce film parfois expérimental, un peu déroutant (trop de flou et de ralentis selon moi) lui aurait sans doute plu car il aimait plus que tout ce qui n'était pas ordinaire et faire ses propres expérimentations en musique, comme un chercheur. Ce film est réservé aux fans exclusivement je pense. J'ai trouvé fascinant de le voir chercher, s'arrêter sur une mesure, un son pour qu'il atteigne, non pas la perfection, mais ce qu'il en attend. J'ai aimé les relations qu'il entretient avec son entourage sur scène et en coulisses. S'extasiant lui-même de la prestation d'une choriste ou d'un guitariste : "ce qu'il ou elle a fait à ce moment là, c'est une oeuvre d'art". Comme sur scène et son rapport étonnant avec son public à qui il s'adressait par des "chers amis", il émane de Christophe beaucoup de douceur, de gentillesse, d'angoisse aussi.

Christophe faisait de ses concerts toujours très longs, des moments suspendus au-dessus des volutes de fumée. Grâce à lui, le crépuscule devenait grandiose et c’était la dolce vita. La voix est claire et parfois voilée, grave aussi et peut atteindre les célèbres aigus tellement atypiques.

C'était le 15 novembre 2016, la dernière fois que je l'ai vu, il disparaissait derrière les lumières bleutées d'un épais brouillard. Il n'aimait pas qu'on le voit vieillir. Trois ans et demi plus tard il sera l'un des premiers artistes emporté par un vilain covid.

Son piano et sa voix céleste m’enlacent, l'émotion est intacte.

LaRouteDuCinema
7
Écrit par

Créée

le 23 mars 2023

Critique lue 32 fois

LaRouteDuCinema

Écrit par

Critique lue 32 fois

D'autres avis sur Christophe… définitivement

Christophe… définitivement
LaRouteDuCinema
7

Dans ce luxe qui s'effondre

Il défait la chronologie et nous transporte des scènes de l’Olympia à Versailles, des coulisses à l’appartement home-studio de Christophe où se mêlent ses passions, ses fétiches, ses trésors...

le 23 mars 2023

Christophe… définitivement
mariodelpais
8

Critique de Christophe… définitivement par mariodelpais

Un artiste avec un univers, un son, des mots, un peu reveur le beau bizarre, a la recherche de ce paradis perdu, totalement melomane...Merci Christophe d être venu...

le 19 mars 2023

Du même critique

Moi capitaine
LaRouteDuCinema
8

Io capitano

Seydou et Moussa deux amis de toujours ont 16 ans et vivent au Sénégal. Ils partagent le même rêve : rejoindre l'Europe et qui sait, devenir artistes puisqu'ils écrivent des textes et sont...

le 7 janv. 2024

31 j'aime

Le Deuxième Acte
LaRouteDuCinema
8

Veux-tu m'épouser ?

Faire l'ouverture de l'un des plus prestigieux festival du monde ce n'est pas rien. Nul doute que la nouvelle folie de Quentin Dupieux en a dérouté et en déroutera plus d'un. Les commentaires à la...

le 15 mai 2024

23 j'aime

Jusqu’au bout du monde
LaRouteDuCinema
8

THE DEAD DON'T HURT

Vivienne Le Coudy d'origine canadienne et Hoger Olsen un immigré danois se rencontrent sur le port de San Francisco. Immédiatement ils se plaisent et Vivienne part vivre dans la cabane au milieu de...

le 1 mai 2024

16 j'aime