Ce mois-ci c'est le choc des supers-héros, avec Ghost Rider, qui se la joue badass avec un héros aussi charismatique qu'une tranche de gruyère moisie au milieu de la cours de récré, et de l'autre côté, on a le bébé de Max Landis, fils de Joe, et amoureux sans limite des comics. Comme l'on pouvait s'y attendre, en bon trublion fou-fou qu'il est, cherche à faire ce qu'il avait déjà fait avec The Death and Return of Superman, à savoir quelque chose qui sorte des sentiers battus et ne réserve pas la même purée à base de flocons que l'on se coltine tous les 3 ou 4 mois en salles. Pas question de nous balancer un énième good guy en personnage principal, ici c'est l'inverse, la naissance du mal, du pur anti-héros. Pas question non plus de nous servir de l'anti-héros émasculé façon Nicolas Cage, ici tout est jusque-boutiste, avec un protagoniste qui va à l'encontre de tout, sans revenir du côté clair jusque parce qu'un de ses proches lui aura servi un discours couillon comme c'est souvent le cas dans ce genre de productions. Ce Padawan, ou plutôt Jedi de Landis sait comment structurer sa narration, ce qui n'était à la base pas ce qu'il y a de plus aisé. Les clichés ne sont pas forcément évités, car tout ce qui a trait au quotidien des lycéens des teen-movies nous est resservi ici avec une fierté presque assumée, ne servant à appuyer qu'un peu plus l'aspect totalement égoïste de ces mômes. Honnêtement, à 17 ans, on vous donnerait ce genre de pouvoirs, vous feriez quoi ? Vous y iriez vous dessiner un costume pour la gay pride et défendre le citoyen, ou à l'inverse jouer au football Américain au milieu des nuages ? Landis a mis le doigt dessus en bon amoureux des comics, et c'est ce qui fait de son script quelque chose d'unique et de frais comme aucune autre histoire de super-héros ne l'a été depuis bien longtemps.

Bref, Chronicle est la deuxième bonne claque de ce début d'année. Underworld Nouvel ère nous balançait du gore en veux-tu en voilà, et ce Chronicle nous sort du produit lui-aussi à contre-courant, mais dans un autre sens, et avec un février comme ça on ce demande si les cartouches ne sont pas déjà toutes vidées, car tenir ce rythme jusqu'à décembre risque d'être un véritable chemin de croix.
Landis, vous l'aurez compris, est la tête pensante, mais il ne serait pas équitable de lui refiler tous les lauriers. Son comparse, c'est Josh Trank, qui se révèle être un réalisateur d'un talent inattendu, surtout que sa filmographie ne se limitait qu'à des épisodes de The Kill Point. Pourtant le bougre sait comment manier sa caméra et monter le tout afin de donner une suite logique à tout cet imbroglio, car en plus de ça, c'est un DV-movie ! L'ensemble du film se retrouve donc être en majorité composé des rushes des jeunes qui avaient décidé de filmer l'évolution de leurs pouvoirs, le tout étant comblé avec des vidéos de caméras de sécurité ou encore de badauds. Ça pourrait faire passer la pellicule pour quelque chose de cheap, mais loin de là, et cette utilisation du DV-movie est probablement l'une des plus judicieuses qu'il nous ait été donné de voir jusqu'ici (il vient d'ailleurs soutenir Grave Encounters dans le dur labeur qu'est de redorer le blason de ce type de cinéma). C'est simple, la scène finale est une folie pure, et le montage jongle avec les rushes d'une fluidité déconcertante au point que l'on a l'impression que les choses se déroulent devant nos yeux (ce qui est d'ailleurs appuyé par des effets-spéciaux plutôt au top, surtout pour une production aussi maigre que celle-ci). On a toujours rêvé d'avoir ce genre de pouvoirs, mais pour la première fois on a au moins l'impression que des personnes réelles les ont, ce qui est véritablement une avancée en matière de façon de filmer, de monter, et de narrer.
Pour conclure, si vous êtes amoureux des comics et avez toujours rêvé d'effleurer des doigts des personnages doués de super-pouvoirs, cette bobine est incontestablement le produit coup de coeur destiné à un public qui commençait à se lasser des productions sortant fréquemment en salles sans ne jamais apporter la moindre innovation. A l'inverse si les comics ne vous intéressent que peu et que vous avez déjà des super-pouvoirs (comme supporter Ghost Rider 2, par exemple), vous n'y verrez qu'un teen-movie de plus.
Mention spéciale pour le duo Josh Trank/Max Landis, qui signent une première collaboration réellement exceptionnelle. On espère revoir les deux gars bosser ensemble car franchement, quel pied !
SlashersHouse
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le 18 févr. 2012

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