Personnellement, le principe de found footage m'a toujours pompé l'air, servant dans le pire des cas, à masquer la totale vacuité d'un film fauché misant tout sur son gimmick ("Paranormal activity", "Le projet Blair Witch"), ou, au mieux, empêchant des films sympathiques ("Cloverfield", "Troll hunter") d'atteindre les hautes cimes du divertissement grand public. Seul l'excellent "Rec" parvenait à utiliser intelligemment le concept de camera subjective, au contraire des oeuvres précitées qui auraient gagné à utiliser une mise en scène plus classique. Toute proportion gardée, "Chronicle" réitère l'exploit du rollercoaster horrifique du duo Balaguero / Plaza, s'appropriant d'une façon efficace et pertinente son concept casse-gueule. Débutant comme un journal intime numérique, aux images inspirées des vidéos postées sur Youtube, la mise en scène à la première personne de Josh Trank pose parfaitement les bases du film et surtout de l'environnement de son héros (excellent Dane DeHaan, rappelant par moment le DiCaprio des débuts), tout en retranscrivant à merveille l'excitation puis l'euphorie ressentie par ses trois protagonistes principaux, bien aidé par des effets spéciaux discrets et impeccables. Puis tout s'accélère et le ton léger va vite prendre une tournure plus inquiétante et dramatique, et la camera de devenir une sorte d'excroissance virtuelle d'un ado en perdition victime d'un environnement toxique et qui le conduira à sa perte, le tout s'achevant dans un final spectaculaire et démentiel, bien que bancal d'un point technique, les scénaristes tombant dans le piège du "couillon qui reste collé à sa camera alors que tout pète autour de lui". Finalement plus proche d'"Akira" ou de "La nuit des enfants rois" que du simple "X-Men" light pour ados tant redouté, "Chronicles", malgré quelques défauts et un manque d'innovation dans son intrigue reste une excellente surprise à savourer dans une version longue qui a le mérite de creuser un peu plus ses personnages attachants.