Bach chasseur de démons !
Ma première rencontre avec Straub et Huillet ne s'était pas forcément très bien passée. C'était avec Antigone et j'avais détesté, un truc insupportable tourné uniquement en plan fixe avec des acteurs qui débitent leur texte. J'aime l'austérité, mais là l'intérêt était nul.
Je pense que j'ai bien fait de choisir Chronique d'Anna-Magdalena Bach pour continuer leur filmographie pour la bonne et simple raison que c'est un film musical, la plupart du temps c'est Bach qui joue, filmé en plan fixe pendant toute la durée du morceau, dispositif simple, mais suffisant. La musique a l'avantage que l'on est pas perdu dans une logorrhée.
Et franchement je dois dire que c'est vraiment bon, forcément, vu que le film se contente à 90% filmer des concerts et ce ne sont pas les concerts de n'importe qui... Alors, vu que la musique est sublime... Il n'y a pas besoin de plus et au contraire, en faire plus aurait été mal venu. Parce qu'avec la sobriété du dispositif (j'aime quand c'est sobre) on se retrouve vraiment comme si on était dans la salle de la représentation à l'époque. Si ce n'est pas splendide ? Et ce qui permet ça c'est aussi le fait d'accepter de passer les morceaux dans la longueur, bien sûr, je pense qu'il n'y a aucun morceau complet dans le film, mais lorsque ça dure 5 à 10 min, en plan fixe, ça suffit pour que l'on s'y croit.
La majorité de la narration est faite donc par Frau Bach, elle aussi très minimaliste, mais ça va avec le film, le film n'en fait jamais trop et sa voix vient rythmer les morceaux avec des petites anecdotes.
Du coup, contrairement à Antigone j'ai pris du plaisir à voir ce film, tout simplement parce que j'aime Bach et que le dispositif mis en oeuvre pour montrer sa vie au travers de son oeuvre est pertinent, il n'en fallait pas plus pour faire un bon film. D'ailleurs pour moi le meilleur moment du film restera ce morceau que l'on entend alors qu'on ne filme même pas les musiciens jouer, mais juste le ciel et quelques arbres. L'épuration totale.
Je tenterai de voir d'autres films des réalisateurs afin de confirmer ou non... cette seconde approche de leur oeuvre.