Notes on a Scandal a l’audace d’aborder la perversité par le prisme de la solitude et de la vieillesse, deux facteurs qui contribuent à cette forme de boulimie sentimentale et destructrice liant Barbara à Sheba. Il peut compter sur l’interprétation très juste de ses deux comédiennes principales, ainsi que sur celle de Bill Nighy en mari plus âgé que son épouse qui prolonge la thématique du tabou lié à l’âge dans les relations amoureuses et sexuelles.
Le long métrage part d’une idée qu’il déplie de sorte à peindre le portrait non d’un seul personnage mais d’une tendance contemporaine et naturelle à la transgression des barrières pour s’épanouir ; ce postulat n’empêche pas son regard d’être quelque peu confus voire lâche, le réalisateur utilisant Barbara comme un corps cristallisant la cruauté de son propre jeu de massacre, un pare-chocs en d’autres termes, apte à le déresponsabiliser des situations qu’il met en scène. Car l’entrelacs de la moralité et de l’immoralité, de la vie de famille et de l’aventure adultérine, ne devient jamais une base de réflexion sur la liberté du cœur humain ; il se cantonne au fait divers, s’accroche aux détails, énumère des actions et des sentiments telle la plume de la vieille enseignante qui remplit son journal intime. Le titre du film indique d’entrée de jeu l’angle autocentré et donc profondément subjectif de la narration ; dommage pourtant que nombre de scènes n’obéissent plus à ce parti pris pour recouvrer une focalisation omnisciente impropre.
Dit autrement, Notes on a Scandal s’empare d’une figure névrosée censée raconter la diégèse du film dans son journal, mais sacrifie à son dispositif une curiosité qui n’est plus celle de Barbara qui le rend aussitôt caduque, prétexte à une succession de retournements dramatiques bien huilés mais trop artificiels et assez vains.