Chronique d'un scandale par Frankoix
Barbara, professeur d'histoire proche de la retraite dans un collège londonien, se lie d'amitié avec Sheba, nouvelle venue chargée de l'enseignement des arts plastiques. Lorsque Sheba entame une liaison illicite avec l'un de ses élèves, Barbara y voit le moyen de prendre une emprise totale sur la vie de la jeune femme...
Une œuvre perpétuellement en-deçà de ce que laissait espérer son sujet.
L'histoire est sordide, mais traitée sans la grandeur ni l'humour nécessaires à ce type d'exercice.
Barbara, le personnage qu'interprète Judi Dench, est une vieille fille pathétique, manipulatrice, rendue folle par la solitude...une figure qui présentait un potentiel formidable et appelait une performance peut-être plus « extrême », à la diction moins parfaite, moins calculée. Ainsi se construit le film : tout semble savamment et artificiellement fabriqué. Richard Eyre compte trop sur la musique de Philip Glass (inépuisable, vertigineuse, omniprésente, dans la lignée de son magnifique travail sur « The Hours »...belle comme un torrent) et sur le montage (qui donne parfois au film une allure de bande-annonce allongée d'un autre film plus complexe, plus abouti, plus audacieux, que l'on devine seulement) pour trouver une intensité dramatique satisfaisante.
Un unique moment de haute voltige, lorsque Sheba confronte Barbara, est à mentionner : Cate Blanchett, absolument splendide, donne à la femme qu'elle incarne et à la scène entière la dimension tragi-comique et « trash » qu'ils méritent. Les yeux ourlés de noir, les cheveux en bataille, l'actrice s'engage dans une possession colossale et majestueuse du personnage, et élève le film vers des hauteurs insoupçonnées.
Une portée diminuée et court-circuitée par la dernière scène, qui fait de Barbara un « serial-predator » et implique que l'histoire va se répéter une nouvelle fois. Une échappatoire conventionnelle à pleurer et digne du plus mauvais film à suspense.