Le titre du film est équivoque, le décor planté, reste à savoir si l’on va trouver de l’intérêt à une énième variation sur le thème de l’adultère, antienne classique de la comédie romantique.
Le clin d’œil aux Scènes de la vie conjugale témoigne peut-être du projet de ce film : contrairement au traitement du couple (marié dans son cas) que faisait Bergman, ici le ton sera léger, dans ce que le terme a de plus positif. Cette légèreté semble au cœur-même de la mise en scène, très théâtrale, qui accentue la distance entre le spectateur et les personnages. Ce sont par exemple certains dialogues trop écrits pour paraître réalistes, la répétition d’un motif (deux personnages se quittent, s’arrêtent et on les voit comme suspendus l’un et l’autre, l’un à l’autre), des zooms pour souligner l’émotion d’un personnage et bien sûr, la musique.
Un grand soin est apporté à la façon dont les personnages occupent l’espace, habitent les lieux. Par timidité, appréhension, manque de confiance, on reste dans la pénombre, sur le seuil d’une pièce éclairée. On se retrouve dans des lieux à l’ombre, à l’abri des regards (église, exposition comme sur l'affiche), on se couvre de manière enfantine les yeux pour échapper au regard de deux bambins, on s’explique dans l’embrasure révélée par la caméra de deux étagères de librairie. Les personnages se répètent à l’envi que leur relation doit rester simple, légère, mais la caméra nous montre déjà l’ambivalence à l’œuvre en nous les montrant sans cesse cachés, à la dérobée, en marge des évènements.
Dans une très belle scène où Charlotte révèle à Simon ce qui sera un tournant dans leur relation, le mouvement des corps semble chorégraphié au millimètre près, Simon terminant sa course caché par la cloison, empêché de s’exprimer et se retirant par pudeur. Ces lieux qui ont fait leur relation, au sens littéral du terme, seront montrés les uns après les autres, vidés du passage des deux amants mais sans aucun doute emplis de leur nostalgie.
Le film fait la part belle à ses deux acteurs principaux qui se retrouvent à chacune des scènes et dont la liaison à l’écran finit par atteindre une certaine grâce. Un film bavard sans être verbeux et à la mise en scène délicate ; j’étais sceptique, je suis conquis.