Dans Banshees of Inisherin, Martin McDonagh mélange dans son chaudron scénaristique tous les ingrédients d’une fable : décor pittoresque (une île au large de l’Irlande aux paysages magnifiques), une sorcière/banshee, un méchant policier et son fils l’idiot du village et enfin deux amis, l’un musicien taiseux et l’autre, paysan volubile un brin benêt. Il y ajoute également le grain de sel qui rend la potion magique : une histoire de fin d’amitié sur fond de questionnement existentiel de l’un des deux amis s’interrogeant sur la vacuité de son existence. On finira par l’entendre dire que ce qu’il reproche à son ex-ami est avant tout d’être « creux ». De là quelques thèmes intéressants s’annonçaient : l’impossibilité de « rompre » une amitié, le transfert de sa propre vacuité sur autrui, l’étouffement insulaire et sa micro-communauté.
On appréciera, ou non, les traits de caractère grossis de tous les personnages selon qu’on adhérera au caractère fabuleux du récit. Mais plus gênant, pour une histoire de fin d’amitié il faut qu’il y ait amitié, or difficile à croire avec ces deux personnages que tout semble opposer et dont on ne verra jamais la moindre trace de complicité.
Tout ceci semble vain et surtout beaucoup trop long. Deux heures remplies d’intrigues sans grands enjeux (tel le « chantage des doigts » ou encore le départ de la soeur) pour finalement accoucher de quelques plans pseudo-métaphoriques des deux amis face à la mer (on aura même droit au plan « jusqu’à ce que la Mort les sépare ») et nous laisser une désagréable sensation de thèmes annoncés mais non traités.