J'ai entendu parler de ce film dans des interviews de Martin Scorcese, Quentin Tarantino et Barry Jenkins qui disaient avoir été bluffé en allant le voir au cinéma donc je me suis dis que ça valait sans doute la peine d'y jeter un oeil.
C'est l'histoire d'un policier qui vient de se faire larguer et qui ne le vit pas très bien. D'un coté il s'accroche à son ancienne petite amie, d'un autre coté, il a ses chances avec la serveuse du restau qu'il fréquente tous les jours.
Je ne veut surtout pas trop en dire car le réalisateur joue subtilement son audience et vous vous laisserez surprendre donc je vais m'en tenir là sur l'histoire et me concentrer sur le coté technique.
Ce film porte la signature visuelle de son réalisateur en lettres majuscules sur son front. Le rythme est lent, comme dans beaucoup d'autres de ses films (In The Mood for Love ; 2048) mais Wong Kar-wai est un maitre de cet art difficile et il y a toujours un point d'intérêt dans ses plans sur lequel l'oeil peut s'accrocher donc ça passe tout seul.
La palette de couleur a un côté pastel délavé qui donne un coté mélancolique qui se marie bien avec le thème du film.
Le travail caméra n'est pas flashy mais il est soigneusement choisi, un de mes aspects préféré du film est le cadrage des plans en "dutch-angle" c'est à dire avec la caméra délibérément inclinée de coté. Ca crée un sentiment de déséquilibre qui correspond bien à l'état du personnage dans ces scènes mais mais j'ai remarqué un petit détail que j'ai trouvé super. La hauteur du regard du personnage est adapté à l'angle d'inclinaison de la caméra,. Bien qu'on voit le déséquilibre de l'image, le héros qui regarde dans le vide en l'air a du coup un regard horizontal, ça renforce l'idée que ce n'est pas la perception de la caméra qui est déséquilibrée mais plutôt le personnage lui même.
Dernière mention technique pour mon aspect préféré du film, le montage. C'est original et superbe, le réalisateur nous met volontairement dans le flou, comme le personnage principal avec des séquences de montages filmées avec un petit nombre d'images par secondes lorsqu'il y a beaucoup de mouvement, tout en évitant de dévier le point focal de l'objet d'intérêt dans l'image. Le rendu est vraiment pas mal.
Au final, je suis très content d'avoir vu ce film, Wong Kar-wai est pour moi un réalisateur qui fait des films qui sont beaux mais je ne m'attendais pas à ce qu'il parvienne à me surprendre autant, Chungking Express est un petit coup de génie de sa part et je le recommande à tous les cinéphiles.