Début de journée, sur une autoroute embouteillée de Los Angeles, écrasée de chaleur : Bill Foster - un quidam en cravate propre sur lui - perd totalement pied et abandonne subitement son véhicule en place.
Il se dirige à pied vers le domicile de son ex-femme qu'il n'a juridiquement plus le droit d'approcher. En chemin, les membres d'un gang le prennent à parti mais il parvient à leur subtiliser des armes à feu : de là débute son parcours d'ange exterminateur dans les rues de la ville...
Le stress généré par une métropole au rythme aliénant, un homme dépassé par des ennuis personnels sujet à une dislocation mentale qui monte en crescendo, Michael Douglas et Robert Duvall dans des rôles antinomiques et qui portent quasiment tout le métrage sur leurs épaules.
Une représentation pas toujours subtile - mais parfois drôle - de l'aliénation urbaine et d'un certain malaise social vécu par un homme aux tendances paranoïaques prononcées.
On a beau avoir en arrière-plan, la condition de l'homme qui ne trouve plus sa place dans l'univers où il vit, cela n'en fait pas pour autant un film qui pose des questions métaphysiques : Joel Schumacher, c'est le type qui a flingué la première franchise Batman du début des années '90, ne l'oublions pas !
La mise en scène ne brille pas par son sens du raffinement : voir la séquence d'intro avec une répétition de gros inserts déformants sur les gouttes de sueur et les sons sur-saturés de la ville qui "justifient" le pétage de plomb de M. Douglas.
Le scénario est au diapason et ne s'embarrasse pas de nuances : une rage aveugle qui explose contre des voyous latinos, et tout y passe, du commerçant coréen qui parle mal l'anglais, au négociant néo-nazi homophobe qui vend des surplus de l'armée, sans oublier les travaux routiers qui s'éternisent, ne se justifient pas et provoquent des bouchons monstrueux ; en toile de fond, l'épouse divorcée acariâtre qui refuse la garde de l'enfant.
A noter toutefois la séquence désopilante dans un fast-food où l'anti-héros se plaint - pistolet mitrailleur à la main - que les burgers que l'on mange ne ressemblent absolument pas à ceux que l'on voit sur la photo (on cherche encore à déterminer si l'humour y est volontaire ou pas).
Un film à la facture nineties très appuyée, le cul entre deux chaises : est-ce un vigilante-movie ou un actioner dramatico-bourrin ?
Le fait qu'un tel film existe est déjà hautement improbable en soi, et rien que pour cette raison, mérite un coup d'oeil conciliant. Une véritable curiosité oubliée de nos jours à visionner en mettant de côté tout premier degré.
A voir pour : le pétage de plomb dans le fast-food parce que l'heure du petit-déjeuner est échue depuis 3 minutes ; Michael Douglas qui corrige la prononciation et la syntaxe anglaise défaillantes du commerçant coréen ; la destruction de la cabine téléphonique au pistolet-mitrailleur parce qu'un autre usager trouve que Foster y passe trop de temps ; les gamers trouveront des similitudes troublantes entre l'unité de lieu, les déambulations erratiques de Foster dans les rues de Los Angeles et le jeu "Grand theft auto", qui n'est apparu que quelques années après.