Viol en réunion
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le 12 févr. 2015
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Soyons franc, Fifty Shades of Grey n’était pas le chef d’oeuvre du siècle. Ni même le livre de l’année. Il en va de même pour l’adaptation cinématographique de l’oeuvre.
Pourtant, je dois admettre que je m’étonne de voir que le film ne décroche qu’un petit 3 de moyenne. Allons donc, je sais que je me concentre davantage sur les vieux films que sur les films récents depuis un an ou deux, mais le niveau du cinéma américain a-t-il augmenté à ce point ?
En jetant un oeil dans ma liste Romance et Chamalow du côté des films d’amour « récents », je constate qu’un "Mr & Mrs Smith", un « Amour sans préavis » ou un « Sex List » ont de meilleurs notes ! Et Dieu sait que ce ne sont pas des chefs d’oeuvres…
Parce que pour moi, un 3, c’est la note que l’on donne à un nannar qui ne peut même pas se targuer d’être un bon nannar… Un film qui se moque clairement du monde. Un film dénué de scénario, avec de acteurs médiocres, une image pourrie, une mise en scène déplorable et une musique qui se laisse tout juste écouter quand on fait son ménage…
Alors, commençons par la critique pour les fans de James.
Sur le plan de l’adaptation justement, il n’y a pas grand chose à redire. Dieu sait pourquoi, j’ai adoré les livres (oui, je le confesse, ils m’ont même permit de me cultiver, de découvrir Thomas Thallis, de me plonger dans Hardy, de visionner enfin Le Lauréat bref, ils ont servit ma culture générale). Et franchement, le film est fidèle à la version papier. Bien sûr tout ne peut pas y figurer, mais les fans de la trilogie de James apprécieront les suggestions qui sont faites aux scènes manquantes et de manière générale, le principal y est.
Les personnages sont fidèles à ce l’image qu’en donne James (si les acteurs ne sont pas ce que l’on avait imaginé, leur caractère est bien retranscrit ce qui est au final le plus important) et même s’ils sont évidemment moins développés tout y est.
On remerciera d’ailleurs au passage celui qui était chargé de la musique et qui nous a laissé du Thallis pour prendre soin de nos oreilles, ce qui me fait lui pardonner le reste qui n’est guère mon genre.
Bon, prenons maintenant le film en lui même, pour celui ou celle qui serait passé entre les mailles du filet médiatique de la trilogie livresque.
Honnêtement, je l’ai dis, le film est fidèle au livre et celui n’avait pas un scénario exceptionnel. Original pour du grand public, mais pas exceptionnel. Je t’aime, tu m’aimes mais tu ne devrais pas m’aimer et je ne devrais pas t’aimer, mais aimons nous quand même. Vous changez les scènes de baisers volés et délicats contre des scènes de sexe plus sérieuses à base de menottes et de fessées, et vous avez grosso modo un résumé du film d’un point de vu superficiel.
Pourtant, comme dans les livres, Fifty Shades, ce n’est pas juste du sexe. C’est la difficulté de deux personnes que tout oppose à s’aimer malgré leurs différences. A faire un pas vers l’autre, à reculer de deux pour se protéger, à persévérer malgré tout. Evidemment les conflits intérieurs des personnages ne ressortent pas autant que dans le livre, mais la chose est là et pour ma part je la trouve plaisante.
Car au final, si Christian attribuerait plutôt Jane Austen au caractère d’Ana, si celle si s’attribuerait plutôt Hardy, elle est au final une bonne petite Brontë. Une Jane Eyre un peu paumé qui manque de confiance en elle et qui tombe sous le charme d’un homme riche et puissant qui tente de cacher la merditude de sa vie en contrôlant tout ce qu’il peut.
Attention, je ne dis pas que le film s’élève magnifiquement par une approche psychologique merveilleuse. Je dis simplement que c’est autre chose qu’un film de cul pour grand public. D’ailleurs, à celles ou ceux qui cherchent un film de cul soft et donnant dans le SM, je conseillerais plutôt Histoire d’O.
Du côté des acteurs, le casting n’est pas mauvais. J’avais apprécié Dornan dans la saison 1 de The Fall et on ne peut pas dire qu’il soit inintéressant. Et avant que des langues désobligeantes ne me rétorque que je n’ai craqué que pour sa belle gueule et ses petites fesses, je tiens à préciser que je n’imaginais pas Mr Grey ainsi et qu’il n’est pas mon genre d’homme. Bien sûr, son personnage est tout en contrôle et a apprit avec les années à cacher ses émotions derrière une attitude formelle et professionnelle. Un coeur de pierre aux succès multiples, ce n’est pas le genre de rôle qui permette de grandes envolées et des performances grandioses : n’oublions pas que son personnage est sensé resté maître de lui en toute circonstance !
Dakota Johnson quant à elle, est plutôt sympas dans le rôle. Elle incarne bien la jeune fille innocente qui, tellement plongée dans ses études et son travail, se désintéresse complètement du regard que portent les hommes sur elle.
Elle donne ce petit côté biche effarouchée et ingénue rassemblant sa bravoure qui fait le charme d’Anastasia Steele. Une jeune femme qui, même si elle craint ce qui pourrait se cacher derrière la porte qui s’offre a elle et n’a pas honte de le montrer, ouvre quand même cette porte. Une jeune femme timide qui refuse de perdre son libre arbitre. Une jeune femme qui est prête a aimer enfin mais n’est pas prête à n’importe quel sacrifice pour cela. Au fond, Johnson nous campe une Anastasia assez convaincante et fidèle au personnage original : forte et faible, intelligente et ignorante, curieuse et craintive.
Et les filles, repensez à vos premières fois : votre premier véritable amour vous donnait des ailes tout en vous faisant un peu peur non ? Et votre première fois au lit, excitant mais un peu effrayant non ? Imaginez si le premier hommes que vous ayez aimé soit aussi un dominant qui vous aurait proposé des pratiques « inhabituelles » ?
Mais passons au côté technique du film.
L’image est sympas, même si la mise en scène n’a rien d’extraordinaire et ne nous propose pas de plans inoubliables. Le boulot est fait et les acteurs sont bien drivés. Pour ma part, même si je n’applaudirait pas, je ne boude pas pour autant.
Côté musique, j’admet ne pas aimer ce genre de bande originale. Mais c’est une romance moderne, alors soyons modernes sur la musique aussi ! Et même si je n’irai pas acheter la BO (je m’en fiche d’ailleurs, j’ai déjà l’intégrale de Thallis lol), elle correspond bien au film, ne l’étouffe pas et n’est pas foncièrement désagréable.
Au final donc, ce Fifty Shades volume 1 n’est pas aussi mauvais que la moyenne SC ne veut le prétendre. Il est même meilleur que bon nombre de films romantiques américains contemporains que j’ai pu voir car il a au moins le mérite de sortir des sentiers battus. Même si ce genre de film ne se prête pas aux grandes performances, les acteurs s’en sortent bien, le film n’est pas vulgaire, il s’élève plus haut que le raz des pâquerettes auquel on est parfois habitué et les personnages, quoi que planté, ne demande qu’a être développés. Honnêtement, je le dis, si mon cinéma se décidait à diffuser les films en VO, j’irai de ce pas voir le deuxième volet.
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Créée
le 9 févr. 2017
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